La Grèce dans le sprint final, la restructuration de la dette gagne des partisans

Alexis Tsipras et Euclide Tsakalotos © Reuters

La Grèce, encouragée par de premiers commentaires positifs, mettait la dernière main jeudi au nouveau programme de réformes avec lequel elle espère convaincre ses partenaires européens de reprendre leur aide financière et de la garder dans la zone euro.

Les pays les plus conciliants envers Athènes semblaient vouloir croire à une issue positive après la multiplication de déclarations alarmistes ces derniers jours. “Le sentiment est que le dialogue est noué ou renoué, qu’il y a une issue”, a fait valoir le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Le Premier ministre français, Manuel Valls, avait salué la veille une “réelle volonté d’avancer et de réformes” et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, un changement de ton “positif”.

Les pays tenants d’une ligne dure, notamment l’Allemagne, se sont abstenus de commentaires pessimistes.

“Nous travaillons”

Le “programme complet” promis par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit parvenir aux créanciers du pays (UE et FMI) avant jeudi minuit. “Nous travaillons”, a simplement indiqué à l’AFP une source gouvernementale, alors que le chef de l’exécutif est rentré à Athènes mercredi soir, rencontrant aussitôt le président Prokopis Pavlopoulos pour l’informer des discussions en cours.

Si la proposition grecque est jugée satisfaisante, les dirigeants européens pourraient donner leur feu vert à un nouveau programme d’aide dimanche, lors d’un sommet exceptionnel à Bruxelles élargi aux 28 pays de l’Union européenne, les conséquences politiques de la crise grecque s’étendant bien au-delà de la seule zone euro. La Grèce a adressé formellement mercredi à la zone euro, son principal créancier, cette nouvelle demande d’aide sur trois ans.

Dans le cas contraire, le sommet pourrait se transformer en sommet de crise, amorçant une sortie de la Grèce de la monnaie unique, “un scénario noir” que les Européens n’ont plus exclu ces derniers jours.

Les créanciers devront faire des propositions sur la dette

En tous cas, les créanciers de la Grèce devront faire des propositions crédibles sur la soutenabilité de la dette grecque si le Premier ministre grec Alexis Tsipras présente une liste de réformes concrète et réaliste, a indiqué jeudi midi à Luxembourg le président du Conseil européen, Donald Tusk.

M. Tusk, en visite à Luxembourg pour le début de la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne, s’exprimait en présence du Premier ministre Xavier Bettel. Il a salué “les excellentes capacités de négociations” luxembourgeoises, très nécessaires “particulièrement aujourd’hui”.

Donald Tusk a eu jeudi matin au téléphone le Premier ministre grec. “Je lui ai promis de rester totalement discret” sur le contenu de l’entretien, a-t-il répondu aux journalistes. “Dans des moments aussi difficiles, il faut être loyal l’un envers l’autre”, a-t-il précisé.

Le président du Conseil européen a indiqué attendre les propositions promises par le gouvernement grec, des propositions qui devront être “à la fois complètes et concrètes”. “S’il y a des propositions réalistes et concrètes en provenance de Grèce, il faudra des propositions des créanciers sur la soutenabilité de la dette”, a-t-il prévenu. “Autrement, nous continuerons la danse mortelle.”

C’est la première fois qu’un dirigeant européen évoque aussi précisément la nécessité pour les créanciers d’Athènes de faire des concessions sur la dette.

“Pas de plan caché”

Alexis Tsipras avait tenu un discours rassurant à la tribune du Parlement européen à Strasbourg mercredi réaffirmant son engagement sur des réformes et un “ajustement financier” qu’il juge “nécessaire”. Et assurant n’avoir aucun “plan caché” de sortie de l’euro. Une manifestation pour défendre le maintien de la Grèce dans l’euro était prévue jeudi soir devant le parlement à Athènes.

Il presse également ses partenaires d’accorder au pays un allègement de son énorme dette, qui atteint 320 milliards d’euros, soit 180% du PIB. Il a de nouveau reçu mercredi l’appui indirect du FMI dont la directrice générale, Christine Lagarde, a jugé “nécessaire” une restructuration de dette sur laquelle les Européens refusent de s’engager.

Signe de l’exaspération croissante et des tiraillements au sein des créanciers, l’Allemand Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) et gouverneur de la Bundesbank, a estimé jeudi que l’institution monétaire ne devait plus fournir d’aide d’urgence à la Grèce et appelé les gouvernements européens à assumer ce choix.

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