La Fed va-t-elle continuer à faire le contraire de la BCE ?

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Ben Bernanke, patron de la Federal Reserve, a réaffirmé la priorité au soutien à la croissance par rapport à la lutte contre l’inflation. Pourtant, les constats économiques sont les mêmes des deux côtés de l’Atlantique. Les explications d’Arnaud Raimon, fondateur d’Aliénor Capital.

La Réserve fédérale est-elle prête à appuyer sur le frein monétaire ?

Non pas pour l’instant. D’ailleurs les marchés anticipent que la Fed n’interviendra pas avant janvier 2012. La politique monétaire devrait donc rester très accommodante durant les prochains mois.

Le quantitative easing II, estimé à 600 milliards de dollars a produit ses effets puisque le risque de déflation s’est éloigné. Y aura t-il un troisième round ?

La Fed va terminer ses rachats massifs de dette fin juin. A priori, la politique d’assouplissement est terminée. Sauf que la décision de Standard & Poor’s de mettre sous surveillance négative la notation de la première puissance économique mondiale, ce qui plaide pour une politique budgétaire plus rigoureuse, peut changer la donne. En effet, pour compenser la pression exercée par la mise en place d’éventuelles mesures budgétaires drastiques, la Fed peut maintenir sa politique accommodante, voire même l’accentuer. C’est pourquoi un quantitative easing III est possible.

Finalement la politique de la Fed est diamétralement opposée à celle de la BCE ?

En effet. Pourtant la situation économique de part et d’autre de l’Atlantique est identique, à savoir une consommation faible et des dettes publiques colossales. La seule différence est la posture adoptée par les Banques centrales. En Europe, la politique monétaire devient de moins en moins accommodante et les politiques budgétaires sont restrictives dans tous les pays de la zone.

Aux Etats-Unis, aucune rigueur n’est à prévoir dans les prochains mois compte tenu de la fragilité de l’économie américaine. C’est une politique à très court terme, axée principalement sur les cadeaux fiscaux dans l’objectif bien sûr est de soutenir la consommation. Mais il ne faut pas oublier que tôt ou tard l’Etat devra réduire son déficit au moins pour que les investisseurs continuent d’acheter de la dette américaine. Dans ce cas, si les pressions sur le budget sont trop fortes, la Fed compensera. C’est sûr.

Propos recueillis par Danièle Licata, L’Expansion.com

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