La Fed relève les taux d’intérêt pour éviter la surchauffe

Le président de la banque centrale américaine Jerome Powell © AFP

La Réserve fédérale américaine (Fed) a légèrement relevé ses taux d’intérêts mercredi, pour la troisième fois de l’année, insistant sur le dynamisme de la première économie mondiale, avec l’objectif d’éviter la surchauffe.

Les taux, augmentés d’un quart de point de pourcentage, sont portés dans la fourchette de 2% à 2,25%, leur plus haut niveau depuis dix ans, à la veille de la crise financière. La Fed prévoit toujours d’augmenter encore une fois le coût de l’argent en 2018 et trois fois en 2019, selon un communiqué du comité monétaire, publié à l’issue d’une réunion de deux jours.

Le président de la Fed, Jerome Powell s’est fait l’écho, lors d’une conférence de presse, d'”inquiétudes grandissantes de la part des entreprises” du pays, quant aux effets sur leur activité de la guerre commerciale déclenchée par le président, Donald Trump, en particulier avec la Chine. Il a notamment cité des craintes concernant les chaînes d’approvisionnement, l’accroissement des coûts ou encore des pertes de marché, en ajoutant que la Fed s’inquiète de la “perte de confiance des entreprises qui réduit les investissements”.

Pour la première fois depuis 2011, la Fed ne qualifie plus sa politique monétaire d'”accommodante”, ce qui était synonyme d’une politique monétaire à bas taux dans l’optique de soutenir la reprise. Elle n’a toutefois pas encore choisi comment caractériser sa nouvelle approche mais elle continue de plaider pour “des hausses graduelles des taux”. Le président Donald Trump a pour sa part immédiatement déploré ce relèvement du coût du crédit. “Malheureusement, ils viennent juste d’augmenter un peu les taux d’intérêt parce que nous (l’économie) nous portons bien. Je ne suis pas content”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à New York.

Les marchés financiers avaient largement anticipé cette troisième hausse des taux au jour le jour. La Bourse de New York était en léger recul et le dollar a un peu gagné face à l’euro. “Notre économie est forte. La croissance avance à un rythme solide. Le chômage est bas, les salaires augmentent et l’inflation est basse et stable” a résumé Jerome Powell.

La Banque centrale a en effet révisé en nette hausse sa prévision de croissance pour cette année aux Etats-Unis, mais a laissé inchangée son estimation d’inflation. Elle table désormais sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 3,1%, contre 2,8% anticipés en juin. L’inflation devrait, elle, accélérer à 2,1%, comme estimé en juin. Sur le front de l’emploi, le taux de chômage devrait s’établir à 3,7% (+0,1 point) avant de diminuer à 3,5% en 2019 et 2020.

“Rythme vigoureux” de l’activité économique

Pour 2019, la croissance du PIB devrait ralentir à 2,5%, même si ce taux est légèrement supérieur aux prévisions de juin (+0,1 point). Dans le même temps, l’inflation sera moins forte que prévu à 2,0% (-0,1 point). Pour la première fois, la Fed publie en outre des prévisions pour 2021. La banque centrale s’attend à une hausse du PIB de 1,8% et une inflation de 2,1% et, surtout, des taux d’intérêt inchangés. Le communiqué du comité monétaire n’a pas mentionné les risques liés à la guerre commerciale entre Etats-Unis et Chine.

L’administration Trump a infligé depuis lundi des tarifs douaniers supplémentaires sur 200 milliards de dollars de produits chinois, un peu moins de la moitié des importations chinoises aux Etats-Unis. La Chine a répliqué avec des taxes sur 60 milliards de dollars de produits made in USA. L’escalade du bras de fer commercial apparaît, aux yeux de certains économistes, comme le risque à la baisse le plus important pour l’économie américaine.

Depuis la précédente réunion du Comité monétaire (FOMC), la croissance, toujours dopée par le stimulus budgétaire (réductions d’impôts et augmentation de dépenses), a poursuivi une cadence soutenue, probablement au-dessus de 3% au troisième trimestre en rythme annuel, après s’être affichée à 4,2% d’avril à juin.

Le patron de la Fed a assuré que le système financier américain ne présentait “pas de vulnérabilité flagrante”. Il a admis que certaines valorisations sur le marché boursier étaient “dans la fourchette haute de leur valeur historique” mais ne voit pas une éventuelle correction comme un risque pouvant faire dérailler l’économie. Interrogé sur les critiques de Donald Trump vis-à-vis des hausses de taux de la Fed, qui ont tendance à renchérir le dollar et les exportations américaine, M. Powell a juste assuré que la Banque centrale ne tenait “pas compte des facteurs politiques”.

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