La Belgique rate-t-elle le train de l’e-commerce ?

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

La fédération des entreprises des secteurs du commerce et des services pointe un manque de flexibilité dans l’organisation du travail de nuit qui pousserait nombre de distributeurs à délocaliser leurs activités d’e-commerce. Pour le SETca, dire que le travail de nuit est quasiment impossible chez nous “ne colle pas à la réalité”.

C’est ce qui s’appelle enfoncer le clou ! Depuis quelque temps déjà, Comeos, l’association qui représente les sociétés actives dans les secteurs de la distribution et des services, mène un intense lobbying auprès de nos politiques en vue d’un assouplissement de la législation sur le travail de nuit dans l’e-commerce. L’enjeu ? Permettre à nos entreprises de ne plus être pénalisées face à des acteurs étrangers (pure players et magasins traditionnels) vendant massivement chez nous à partir d’entrepôts de préparation installés juste au-delà de nos frontières, essentiellement aux Pays-Bas, mais aussi en Allemagne et en France. Une pratique qui leur permet de tomber sous le coup de législations plus souples en matière de travail avec des coûts salariaux plus faibles et une flexibilité accrue au niveau du travail de nuit. Ils peuvent de la sorte repousser au maximum l’heure de clôture des commandes.

D’après les calculs effectués par Comeos, qui a décidé de pointer sur une carte tous les centres logistiques installés à nos frontières, environ 15.000 emplois nous fileraient ainsi entre les doigts. ” D’un achat sur trois effectué sur un site étranger, nous sommes aujourd’hui à un sur deux, relève Dominique Michel, CEO de la fédération. Si rien n’est fait, nous allons passer à deux achats sur trois. Sans compter que des distributeurs belges envisagent de délocaliser leurs activités logistiques. ” Aujourd’hui, pourtant, nombre d’entre eux décident plutôt d’externaliser la préparation des commandes à un opérateur logistique… en Belgique. Dans ce secteur, le travail de nuit est autorisé et les emplois restent chez nous. ” Il est vrai que les représentants du secteur de la logistique nous demandent de quoi nous nous plaignons, reconnaît le responsable de Comeos. Mais de quel droit sommes-nous obligés de nous séparer d’une partie de nos activités ? De plus, la commission paritaire est différente dans le secteur de la logistique ; et puis certaines chaînes décident de faire leur préparation des commandes en magasin. ”

“L’accord d’un seul syndicat devrait être suffisant”

Depuis peu, la législation relative au travail de nuit dans le secteur du commerce a évolué. Une entreprise peut tout à fait l’introduire dans le cadre de ses activités d’e-commerce. A une seule condition : il faut l’accord de tous les syndicats actifs dans la boîte. Et c’est bien ça qui froisse Comeos. ” Les accords au sein des entreprises sont bloqués, dit Dominique Michel. L’accord d’un seul syndicat devrait être suffisant. A ce jour, seules deux entreprises (Schoenen Torfs et Vanden Borre, Ndlr) sont parvenues à un accord. ” Chez Vanden Borre, il a été obtenu de pouvoir travailler jusqu’à minuit (la nuit belge commence à 20 h, Ndlr). Côté syndical, on refuse de se voir pointé du doigt. ” A partir du moment où nous avons des garanties sur l’emploi et que les activités sont clairement définies, nous n’allons jamais bloquer, assure Myriam Delmée, vice-présidente du SETca. Mais la réalité, c’est que très peu d’entreprises nous ont contacté pour instaurer le travail de nuit. ”

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