La Belgique, future experte ès “sortie du nucléaire” ?

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La Creg met en garde contre une pénurie d’électricité dans les trois ans à venir et propose de repousser la sortie du nucléaire de quelques années. Il s’agirait de “la pire des solutions”, rétorque le ministre fédéral de l’Energie, qui voit au contraire, dans le démantèlement des centrales en fin de vie, une opportunité pour notre pays.

La Commission de régulation de l’électricité et du gaz met en garde : on risque de manquer d’électricité entre 2012 et 2014 car on investit trop peu dans de nouvelles centrales électriques, peut-on lire mardi dans De Standaard et Het Nieuwsblad.

La Creg avait déjà mis en garde voici quatre ans sur le fait que des investissements devaient être faits dans de nouvelles centrales électriques, mais cela n’a pas été le cas ou pas suffisamment. Aujourd’hui, il est trop tard pour construire rapidement de nouvelles centrales. Construire une nouvelle centrale prend en effet au moins trois ans.

De nouvelles décisions en matière d’investissements ne pourraient dès lors permettre de résoudre le problème qu’au plus tôt en 2016.

Conséquence directe : “Le risque est plus élevé que la Belgique ne soit pas en mesure de couvrir ses propres besoins et que notre dépendance vis-à-vis des pays voisins (en raison de l’importation d’électricité) croisse”, prévient la Creg. La situation s’améliorera dans les années suivant 2015.

La liste des investissements prévus est suffisante pour couvrir la demande d’ici 2020, même si les plus vielles centrales nucléaires sont fermées entre-temps. La Creg propose qu’une nouvelle centrale soit construite et que la sortie du nucléaire soit reportée de quelques années, par exemple à 2016-2017.

Risque de pénurie électrique : le ministre Magnette relativise le rapport de la Creg

Paul Magnette, ministre fédéral de l’Energie, a relativisé mardi les conclusions de la Creg sur les risques pour l’approvisionnement électrique entre 2012 et 2014 : “Ce n’est rien de très neuf, a-t-il commenté sur les ondes de Matin Première. On savait déjà que la Belgique est un importateur net d’électricité.”

Le ministre Magnette a néanmoins confirmé que des investissements importants devaient être réalisés, plaidant notamment pour l’élaboration d’un grand plan d’investissements élaboré avec toutes les entités du pays.

Interrogé sur la suggestion de la Creg de reporter la sortie du nucléaire en Belgique d’un ou deux ans, Paul Magnette a jugé qu’il s’agirait là de “la pire des solutions”. Pour lui, le démantèlement programmé des premiers réacteurs en Belgique pourrait receler une opportunité économique pour les spécialistes nucléaires belges qui pourraient utilement être “recyclés” en vue d’assurer le démantèlement des réacteurs en fin de vie dans plusieurs pays. “Il y a des marchés à prendre un peu partout dans le monde !”, a-t-il conclu.

Le rapport de la Creg se base sur un scénario pessimiste, selon Ecolo

Ecolo a affirmé mardi que l’étude de la Creg sur l’avenir de la politique énergétique de la Belgique se basait sur un scénario pessimiste quant aux projets de développement énergétique et ne tient pas compte de mesures menant potentiellement à la diminution de la consommation.

Les Verts sont aussi d’avis que l’avenir de notre politique énergétique ne peut faire l’impasse sur les objectifs des Régions et du fédéral, qui ambitionnent 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Selon Ecolo, la Creg confirme dans son rapport qu’une sortie progressive du nucléaire est possible mais que des mesures à court terme sont nécessaires pour l’entamer rapidement.

La Creg souligne que ses recommandations de 2007 concernant des investissements à opérer dans le secteur énergétique n’ont pas été suivies d’effets. Malgré cela, elle estime que la sortie du nucléaire est possible moyennant le report d’un ou deux ans des trois plus vieux réacteurs, relèvent les écologistes.

Au passage, ceux-ci réclament des actions volontaristes en matière d’économies d’énergie, un appel d’offre pour l’installation de nouvelles capacités de production et une simplification administrative concernant les investissements en énergies renouvelables. Les écologistes souhaitent encore que la Creg soit entendue par la commission de l’économie de la Chambre.

Trends.be, avec Belga

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