“La BCE offre aux banques une source de profits faciles !”

© Kanaal Z

Les prêts à long terme de la BCE sont une source de “profits faciles” pour les banques, dénonce l’économiste Paul De Grauwe dans une tribune publiée par le Financial Times. Un système qui a certes calmé la crise de la dette, mais qui risque de se révéler inefficace à plus long terme.

Le programme de prêts à trois ans aux banques, grâce auquel la Banque centrale européenne est parvenue à calmer la crise de la dette, risque de se révéler inefficace à plus long terme et offre aux banques une voie facile pour réaliser des profits, dénonce l’économiste Paul De Grauwe dans une tribune publiée par le Financial Times. Ce professeur de la KULeuven avait déjà lourdement critiqué la BCE en novembre dernier, à l’occasion d’une interview sur Kanaal Z.

En décembre dernier, la BCE a lancé un programme baptisé Long Terme Refinancing Operation (LTRO), qui permet aux banques d’obtenir des prêts à trois ans au taux plancher de 1 %. Conçue pour contourner l’interdiction légale pour la BCE d’acheter directement des titres de dette publique, la mesure a offert aux banques des liquidités pour leur permettre d’acquérir elles-mêmes des obligations d’Etat.

Selon Paul De Grauwe, le LTRO pose des problèmes majeurs. L’économiste reproche à la BCE d’avoir “délégué aux banques le pouvoir d’acheter des obligations d’Etat, avec la confiance qu’elles vont obéir”. Or, poursuit-il, “les banques sont toujours dans la peur” d’une nouvelle crise. Les “banquiers en panique” n’ont dès lors “transmis qu’une fraction des liquidités obtenues vers le marché de la dette souveraine”, affirme-t-il.

En cas de nouvelle poussée de défiance, les taux des titres souverains pourraient à nouveau s’enflammer. Paul De Grauwe pointe surtout “l’aléa moral” créé par le LTRO, qui offre aux banques “une source illimitée de financement pour réaliser des profits faciles”. Cette situation “réduit les incitations à assainir leur bilan, ce qui les rendra moins résistantes à l’avenir”.

L’économiste belge préconise une intervention directe de la BCE sur le marché de la dette publique. La BCE et l’Allemagne “doivent se libérer du dogme qu’il serait un péché de créer de la liquidité pour acquérir des obligations d’Etat”, estime-t-il.

Trends.be, avec Belga

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