La BCE met la Grèce sous pression, la Bourse d’Athènes plonge

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La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé dans un communiqué mercredi qu’elle avait décidé de priver les banques grecques d’une de leurs sources de financement, ce qui risque de précipiter l’asphyxie financière de l’Etat grec.

Cette suspension décidée mercredi par le conseil des gouverneurs “est conforme aux règles de l’eurosystème (…)”, selon un communiqué de l’institution, publié quelques heures après que le nouveau ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, avait évoqué des “discussions fructueuses” avec le président de la BCE Mario Draghi.

La BCE a suspendu mercredi soir le régime de faveur dont bénéficiaient jusqu’alors les banques grecques “étant donné qu’il n’est pas possible à l’heure actuelle d’anticiper une issue positive” du programme d’aide international dont bénéficie Athènes, poursuit le communiqué de l’institution monétaire.

La décision de la BCE intervient alors que M. Varoufakis et le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras faisaient une tournée européenne pour tenter de renégocier la dette grecque, conformément au programme de la gauche radicale qui a gagné les élections législatives du 25 janvier.

La décision de la BCE a eu pour conséquence une baisse de l’euro face au dollar mercredi. Vers 22H30, la monnaie unique européenne valait 1,1341 dollar, contre 1,1479 dollar mardi à la même heure et 1,1423 dollar avant le communiqué de la BCE.

Pas de préjudice pour le secteur financier

La décision de la BCE, mercredi, de priver les banques grecques d’une de leurs sources de financement n’a “pas de répercussions négatives” sur le secteur financier du pays qui reste “totalement protégé” grâce aux autres canaux de liquidités toujours disponibles, a déclaré le ministère grec des Finances dans un communiqué.

Cette décision de la Banque centrale européenne (BCE), ajoute le communiqué, “met la pression sur l’Eurogroupe (la réunion des ministres de Finances de la zone euro, ndlr) pour progresser rapidement vers la conclusion entre la Grèce et ses partenaires d’un accord qui bénéficie à chacun” sur l’avenir de la dette grecque et des réformes économiques du pays.

L’institution monétaire de Francfort a annoncé mercredi soir qu’elle suspendait un régime de faveur accordé jusqu’ici aux banques grecques, qui leur permettait d’emprunter de l’argent auprès de la BCE avec des garanties inférieures à ce qu’elle exige habituellement.

Elle a ainsi accéléré les craintes d’une asphyxie financière de la Grèce.

Mais les banques grecques pourront bénéficier d’un mécanisme d’urgence, appelé ELA, qui leur permet de recevoir des fonds de la Banque de Grèce en cas de crise de liquidité.

Grâce à ce mécanisme et “selon la BCE elle-même, le système bancaire grec reste suffisamment capitalisé et totalement protégé”, assure le ministère.

La Bourse d’Athènes perd plus de 5%, les banques attaquées

L’indice vedette de la Bourse d’Athènes s’enfonçait cependant rapidement dans les premiers échanges jeudi, en réaction à l’arrêt par la BCE de l’un de ses dispositifs de soutien aux banques grecques.

Vers 08H50 GMT, il perdait 5,69% à 799,79 points, tandis que les banques subissaient une attaque en règle. L’indice spécifique du secteur bancaire grec s’effondrait en effet de plus de 22%. Le taux de l’obligation grecque à dix ans se tendait pour sa part, au-dessus de 10%, un signe très net de défiance.

La décision de Francfort a rappelé que “le système bancaire grec (restait) entièrement dépendant des décisions de la BCE”, selon Jesus Castillo, analyste de Natixis, dans une note parue jeudi.

Ce soutien de la BCE est d’autant plus important que les banques sont confrontées à des retraits de liquidités, venant de Grecs inquiets pour leur avenir: M. Castillo les estime à 5 milliards d’euros pour le mois de décembre, et certains analystes avancent déjà un chiffre de plus de 10 milliards en janvier.

Nette hausse des taux d’emprunt de la Grèce

Autre conséquence, le taux d’emprunt de la Grèce a repassé la barre des 10% ce jeudi à l’ouverture du marché obligataire en zone euro. Peu avant 08H30 (07H30 GMT), le taux d’emprunt grec s’établissait à 10,051% contre 9,678% mercredi à la clôture du marché obligataire où s’échange la dette déjà émise.

Les taux grecs étaient déjà brièvement passés au-dessus de 10% le 28 janvier, après les premières déclarations du nouveau gouvernement anti-austérité, avant de redescendre sous cette barre deux jours plus tard. Début septembre, ils avaient touché un plus bas en un an à 5,520%.

Les dettes des autres pays du Sud étaient un peu tirées vers le haut par ces derniers développements. Le rendement à 10 ans de l’Espagne montait à 1,460% contre 1,431% et celui de l’Italie à 1,578% contre 1,548%.

A l’inverse jeudi matin, les dettes des pays solides, qui constituent les habituels refuges des investisseurs en période perturbée, se détendaient. Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne refluait à 0,336% contre 0,367% mercredi soir et celui de la France à 0,574% contre 0,594%.

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