L’Espagne reste dynamique mais craint l’impact de la crise catalane

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La croissance espagnole s’est de nouveau montrée vigoureuse au troisième trimestre, mais la crise en Catalogne, représentant le cinquième du PIB national pourrait ralentir l’économie à moyen terme.

Entre juillet et septembre, le PIB espagnol a continué à croître à un rythme soutenu, gagnant 0,8% par rapport au trimestre précédent, selon la première estimation publiée lundi.

Mais cette bonne nouvelle a un écho limité en Espagne car les chiffres, clos le 30 septembre, ne reflètent pas les affres dans lesquelles le pays est plongé depuis le référendum d’autodétermination du 1er octobre en Catalogne, qui a donné le coup d’envoi d’un féroce bras-de-fer entre Madrid et les indépendantistes catalans.

Tous les regards sont déjà tournés vers l’impact qu’aura sur l’économie la plus grave crise politique depuis 40 ans, qui a culminé vendredi avec la proclamation d’indépendance du parlement catalan, aussitôt contrée par une mise sous tutelle de la Catalogne par l’Etat central.

Si le gouvernement maintient sa prévision de croissance pour 2017, à 3,1% du PIB, il a déjà revu à la baisse ses ambitions pour 2018, à 2,3% de croissance du PIB contre 2,6% espérés auparavant, en raison de l'”incertitude” provoquée par la situation en Catalogne.

En octobre, la région a fait face à “coup de frein en termes de décisions d’investissement et de consommation, une contraction des crédits”, a déclaré lundi le ministre de l’Economie Luis de Guindos.

La Catalogne est, avec Madrid, l’un des principaux moteurs économiques de l’Espagne, fournissant environ 19% du PIB espagnol et accueillant 16% de la population.

Forte de puissantes industries exportatrice (agroalimentaire, chimie, automobile), la région est aussi la plus visitée d’Espagne. Quelque 18 millions de touristes étrangers ont visité en 2016 Barcelone et les plages de la Costa Brava.

Mais le tourisme a déjà pris un coup dur: dans les deux premières semaines d’octobre, le secteur a vu son chiffre d’affaires chuter de 15% sur un an, et les réservations jusqu’à la fin de l’année sont en baisse de 20%, selon la fédération patronale Exceltur.

Autre grand point d’inquiétude: la décision de plus de 1.800 entreprises de transférer leur siège social hors de Catalogne depuis le 1er octobre, dont les banques CaixaBank et Banco Sabadell, le groupe gazier Gas Natural et le groupe autoroutier Abertis.

“Parfois, il faut du temps pour que ce genre de décision produise ses effets” mais l’incertitude, “c’est certain, détruira de l’emploi en Catalogne à moyen terme”, affirme Enrique Sanchez, président du groupe d’intérim Adecco en Espagne, dans un entretien au quotidien économique Expansion.

Selon l’agence de notation SP Global, la région pourrait même souffrir d’une “récession”.

L’impact sur le reste de l’Espagne dépendra en fait de la durée de la crise, estiment la plupart des analystes, alors que des élections régionales ont été convoquées pour le 21 décembre.

Après 16 trimestres de croissance consécutifs, “l’Espagne peut supporter un revers temporaire”, estime Holger Schmieding, analyste chez Berenberg.

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