Katanga : la RDC mise gros sur le cuivre

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Touchée de plein fouet par la crise financière mondiale, la riche province minière du Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, peut rêver d’une relance de son économie grâce à l’embellie des cours du cuivre, son principal minerai.

De 8.000 dollars américains la tonne en septembre 2008 à 2.700 dollars le mois suivant, le cuivre aura connu avec la crise une chute vertigineuse de ses cours, fortement ressentie par la centaine d’exportateurs implantés dans le sud-est minier de la République démocratique du Congo (RDC). “Le choc était très dur, les tout petits avaient très vite fermé”, se souvient Roger Tambwe, un économiste congolais spécialisé dans les mines à Lubumbashi, chef-lieu du Katanga.

Moins de deux ans après l’effondrement des cours, cependant, “les entreprises qui sont restées ont atteint leur point d’équilibre” grâce à un prix d’achat oscillant aujourd’hui autour de 6.800 dollars la tonne, note Roger Tambwe. Signe de cette reprise, la production annuelle de cuivre au Katanga est passée de 961.654 tonnes en 2008 à 887.156 en 2009, avant de se redresser fortement à 593.058 tonnes pour les six premiers mois de 2010, selon des chiffres officiels.

Une hausse à mettre à l’actif de nouveaux investissements réalisés par des exportateurs de minerais, comme l’entreprise indo-congolaise Chemical of Africa (Chemaf), qui transforme désormais sa production sur place avant de la vendre à 8.000 dollars la tonne à un groupe émirati.

L’Etat congolais a perçu 35 millions de dollars de redevance en redevance

Près de 35 millions de dollars américains de redevance, aussi bien pour le cuivre que pour les autres métaux, ont été perçus par l’Etat congolais au premier semestre 2010, contre 45 millions pour toute l’année 2008 et 32 millions en 2009. Une manne qui attire des groupes financiers étrangers, notamment indiens et sud-africains, dont la présence est renforcée par l’ouverture de nouvelles agences bancaires dans la ville de Lubumbashi, autrefois chasse-gardée des banques locales.

Ceci dit, le souvenir de la crise et ses effets dans la province du Katanga, une région aussi vaste que la France, sont encore vivaces dans les esprits : “La prudence est de mise dans les rangs des employés qui avaient été mis en congés technique, observe Bakomeka Kelina, un responsable de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) au Katanga. Pour le moment, les entreprises préfèrent garder les mêmes effectifs.”

Au total, 45 entreprises – dont plusieurs chinoises – sur 83 recensées officiellement avaient cessé leurs activités, d’après des chiffres du ministère provincial des Mines. Plus de 3.000 salariés avaient brutalement été mis au “chômage technique”.

RDC : la renégociation des contrats miniers freine l’ardeur des nouveaux venus

Aussi la renégociation des contrats miniers, initiée par l’Etat congolais avec certaines entreprises étrangères, freine-t-elle quelque peu l’ardeur de nouveaux venus dans ce secteur. “Ces contrats avaient été discutés à une période où la RDC connaissait des conflits armés (1998-2002) : l’Etat était en position de faiblesse et a jugé utile de les réviser, analyse Roger Tambwe. Cela a été mal perçu par certains grands groupes.”

Parmi ceux-ci, le canadien First Quantum Minerals, dont l’un des contrats a été résilié en septembre 2009 par Kinshasa et qui a porté l’affaire devant la justice internationale. Toutefois, estime Roger Tambwe, le cours du cuivre peut se maintenir à son niveau actuel “jusqu’à la fin de l’année”, même si, selon lui, les autorités congolaises devront diversifier leurs recettes avec l’exportation du cobalt, de la cassitérite et du coltan, découverts récemment dans le nord de la province.

Trends.be, avec Belga

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