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” Il faut noyer le PTB sous une mer d’idées “

Pointer du doigt le PTB ferait-il paradoxalement le jeu de ce parti ? Conforterait-il la conviction de ses sympathisants que ce parti a de quoi réellement inquiéter les chefs d’entreprise et ceux qu’ils appellent volontiers les “nantis” ? Si vous observez la société à travers la lunette de la lutte des classes, la réponse ne peut être que positive. Deux camps s’opposent et chacun se range dans le sien, socialement déterminé.

La publication régulière des ” leaks ” sur les paradis fiscaux entretient cette vision binaire de la société. Pourquoi tant de fortunes et de géants de l’économie ou de la finance parviennent-ils toujours à passer entre les mailles du filet ? Certes, ces mailles se resserrent progressivement, mais pas assez vite – les leaks en attestent – pour endiguer cette insupportable impression d’impunité. Combattre la fraude, évidemment, mais aussi l’évitement fiscal à grande échelle doit s’inscrire au premier rang de la lutte contre la montée des partis les plus radicaux. Si nous acceptons d’écorner nos libertés pour combattre le terrorisme, nous devons le faire aussi face aux partis extrémistes et populistes. C’est indispensable si nous prétendons envisager la société dans sa globalité et pas uniquement à travers l’affrontement entre deux camps. Comme le fait le PTB mais aussi, sans le proclamer, cette fraction d’ultra-riches arcboutés sur leurs privilèges.

Pour défendre la libre entreprise face aux velléités de généralisation des entreprises publiques, il faut sans doute revoir le fonctionnement interne des sociétés, assouplir les hiérarchies et avancer vers des formules plus participatives. En d’autres termes, ne pas reproduire le schéma de la lutte des classes dans ses propres structures. Cela nécessitera en outre une maîtrise des écarts salariaux, à l’image des députés PTB qui se rémunèrent au salaire moyen (le solde est reversé au parti) pour bien affirmer que leur ” métier ” ne vaut pas plus que celui des autres.

Quand le MR rejoue à l’envi le discours du péril communiste, il contribue par ricochet à ce façonnement d’une société binaire telle qu’aime la regarder le PTB.”

La sphère politique doit aussi jouer son rôle face à la montée de l’extrême gauche. A droite comme à gauche. Quand le MR rejoue à l’envi le discours du péril communiste et va parfois jusqu’à y intégrer le PS d’Elio Di Rupo (quoi que vous pensiez du bourgmestre de Mons, il n’a vraiment rien d’un extrémiste et a mené une carrière de social-démocrate, voire de centriste), il contribue par ricochet à ce façonnement d’une société binaire telle qu’aime la regarder le PTB. Idem de l’autre côté, quand on voit la timidité du PS et d’Ecolo dans la dénonciation du modèle de société prôné par le PTB. Comme si c’était effectivement le seul possible à gauche. On comprend les arrière-pensées électoralistes des uns et des autres mais cela réduit le champ des idées au profit, dès lors, de celui qui s’exprime de la manière la plus carrée. ” Il faut noyer le PTB sous une mer d’idées “, riposte Luc de Brabandere, professeur à la Louvain School of management. Pas seulement dénoncer les risques inhérents au programme du parti d’extrême gauche, de la fuite des capitaux à la sortie de l’Europe et de l’euro. Mais aussi et surtout offrir des alternatives.

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