GTL Taxi: “Il est temps que Bruxelles s’attaque au problème de l’ubérisation”

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Le groupement GTL Taxi dit “comprendre la colère et l’exaspération des chauffeurs de taxis qui participent” mardi à la manifestation dans les rues de Bruxelles. Selon l’association, cela “démontre qu’il est plus que temps que Bruxelles s’attaque vraiment au problème de l’ubérisation”.

GTL dit “regretter les désagréments que cette action fait subir aux navetteurs et aux travailleurs” mais ajoute que “cela fait des années que le secteur et les partenaires sociaux tentent de mener une concertation constructive avec Pascal Smet (le ministre bruxellois de la Mobilité, ndlr), mais celui-ci s’obstine à laisser pourrir la situation”.

Selon GTL, “son inaction laisse libre cours à la concurrence déloyale d’Uber”. Si le gouvernement bruxellois ne réagit pas rapidement, plusieurs centaines de chauffeurs de taxis risquent de perdre leur emploi, avertit encore le groupement.

De nombreux membres de GTL ont choisi de participer à cette action à laquelle ont pris part quelque 650 taxis.

Vervoort plaide pour le rétablissement d’un climat de confiance

Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort a plaidé pour le rétablissement d’un climat de confiance dans le secteur des taxis de la capitale pour permettre d’aboutir à une réforme qui est nécessaire au maintien de l’emploi dans ce secteur.

Le ministre-président a reçu ce midi une délégation de la Fédération belge des taxis, en marge de l’action des taximen contre “l’ubérisation” de leur secteur. Cette action a fortement perturbé le trafic dans la capitale.

S’appuyant sur l’avis du Conseil économique et social de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort a rappelé à cette occasion la méthode arrêtée par son gouvernement et la nécessité que l’avant-projet de réforme soit “revu en concertation étroite avec le secteur et les partenaires sociaux”.

Par ailleurs, au vu de la situation vécue par le secteur des taxis bruxellois et la multiplication de services irréguliers, Rudi Vervoort a insisté sur le fait que la capacité de la Région à faire respecter la législation actuelle était “un préalable à l’aboutissement d’une réforme nécessaire et au climat de confiance qui doit accompagner son adoption”.

“J’ai écouté avec attention les préoccupations et la colère exprimée aujourd’hui et j’y suis sensible. Nous devons rétablir un climat de confiance qui respecte les règles actuelles et qui permette d’aboutir à une réforme nécessaire pour la pérennité de l’emploi de ce secteur à Bruxelles”, a-t-il commenté à l’issue de la réunion.

De son côté, le ministre du Transport Pascal Smet (sp.a) n’a pas souhaité faire de commentaires. Son cabinet a répété que “chaque étape” dans le dossier de la réforme “a été validée par l’ensemble du gouvernement”.

“Les taxis scient la branche sur laquelle ils sont assis”

Interrogé par Bel RTL, le ministre bruxellois de l’Economie et de l’Emploi Didier Gosuin (DéFI) a, lui, lancé un appel au calme dès ce matin. Disant comprendre qu’il y a “une grande inquiétude par rapport à l’ubérisation de la société”, face à laquelle “l’Europe est muette”, M. Gosuin a jugé qu’en bloquant la circulation, “les taxis scient la branche sur laquelle ils sont assis”. Ils agissent contre l’emploi salarié. “Je comprends qu’ils défendent leur profession mais ils doivent le faire dans la concertation”, a-t-il ajouté.

Pour Didier Gosuin, les taxis doivent s’ouvrir à la modernité et par exemple à la flexibilité qu’offre une application numérique.

“Je comprends le combat mené contre Uber, “une société américaine de plusieurs milliards qui se moque éperdument des règles, des cow-boys qui veulent déstructurer le secteur des taxis”. Mais ce combat “ne doit pas être mené en opposition avec les autorités politiques avec lesquelles il faut essayer de trouver les bonnes pistes”.

Aux yeux du ministre de l’Economie, la prise de position de Pascal Smet, dès le départ en faveur d’Uber, était maladroite. “C’est l’erreur de départ qui gangrène toute la négociation”, a-t-il dit, sans se prononcer sur la demande du secteur en faveur de la démission du ministre bruxellois du Transport.

Uber: “Travailler tous ensemble pour améliorer la mobilité à Bruxelles”

Le directeur général d’Uber Belgique, Joost Verdriesen estime, dans une carte blanche, que “tous les chauffeurs professionnels ont un rôle à jouer dans l’amélioration de la mobilité à Bruxelles”.

“Les nouveaux services doivent offrir une alternative crédible à la voiture individuelle et se développer en complémentarité des transports en commun. Mais les taxis et les chauffeurs LVC ont un rôle central pour soutenir ce changement d’habitude et permettre à tous de bénéficier d’une meilleure mobilité”, écrit-il notamment.

“Si nous sommes pleinement engagés à travailler avec l’ensemble du secteur – y compris avec les taxis – pour améliorer la mobilité à Bruxelles, les restrictions réglementaires limitent les avantages de notre application aux chauffeurs LVC”, ajoute-t-il en reconnaissant toutefois qu’Uber “a fait des erreurs” en voulant changer la manière dont les gens se déplacent.

“Nous voulons changer la façon dont nous menons nos activités, en plaçant l’intégrité au coeur de nos décisions et nous travaillons pour mériter la confiance des villes dans lesquelles nous opérons. Bruxelles n’est pas une exception”, poursuit Joost Verdriesen.

“Nous pensons que tous les chauffeurs professionnels ont un rôle à jouer dans l’amélioration de la mobilité à Bruxelles et nous voulons être un partenaire constructif de toute réforme qui sert les intérêts des chauffeurs, des passagers et de la ville de Bruxelles”, conclut-il.

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