Grèce : “Le vote sera non !” (Krugman)

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Le Premier ministre grec joue une partie serrée avec son référendum. En court-circuitant ses “partenaires”, FMI en tête, il pourrait bien plonger son pays dans de plus profondes difficultés encore. Quant au vote lui-même, le prix Nobel d’économie Paul Krugman en est persuadé : ce sera “non”.

La Grèce, en voulant organiser un référendum sur le plan anticrise de la zone euro, court de gros risques auprès du Fonds monétaire international, qui pourrait considérer qu’elle a trahi ses engagements et ne mérite plus son soutien. Le pays pourrait ainsi connaître le sort des Etats membres qui n’ont pas satisfait les exigences du FMI, comme l’Ukraine et le Pakistan : une suspension des paiements, le temps de régler les désaccords.

“Les projets de la Grèce pourraient inciter l’UE, le FMI et la Banque centrale européenne à retarder les futurs versements du plan d’aide grec, provoquant une crise de liquidités pour le gouvernement”, prolonge Zach Witton chez Moody’s Analytics.

Le Premier ministre grec Georges Papandréou a annoncé lundi ce référendum, sans avoir consulté ses créanciers internationaux. Vingt jours seulement après avoir trouvé un accord avec la troïka (FMI, BCE et Commission européenne) sur un versement de 8 milliards d’euros.

Le Premier ministre grec joue une partie serrée

Georges Papandréou doit rencontrer mercredi soir, à Cannes, Christine Lagarde (directrice générale du FMI), le président français Nicolas Sarkozy (hôte d’un sommet du G20), la chancelière allemande Angela Merkel et les présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy et de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Le Premier ministre grec joue une partie serrée. Son gouvernement ne peut se permettre le luxe de repousser de l’argent frais, ses caisses devant être vides dès ce mois-ci, alors que les marchés de la dette lui sont fermés.

D’après l’agence de notation Fitch, “un rejet du programme UE-FMI récemment négocié augmenterait le risque d’un défaut de paiement forcé et désordonné”, l’issue que les créanciers internationaux d’Athènes voulaient éviter à tout prix.

Le projet de référendum grec complique tous les plans du FMI

Le projet de référendum complique tous les plans du FMI. Le 11 octobre, sa mission à Athènes a conclu de longues discussions avec la Grèce sur les conditions du versement de la sixième tranche d’un prêt de 30 milliards d’euros. Parmi ces conditions, il n’était pas question de quelque consultation populaire que ce soit.

La décision de Georges Papandréou jette donc un coup de froid sur les relations entre Athènes et l’institution de Washington. Elles n’étaient déjà pas au beau fixe. Au moment de sa prise de fonctions en juillet, Christine Lagarde était plutôt bienveillante à l’égard de la Grèce et ouverte à l’idée d’augmenter le montant prêté au pays. Elle l’est de moins en moins depuis septembre, face à l’échec patent du pays dans les objectifs budgétaires qui lui étaient assignés pour 2011.

L’ancienne ministre française répète à l’envi que le gouvernement hellène doit avant tout tenir les promesses faites à ses partenaires.

Le conseil d’administration du FMI, où siègent les représentants de 24 pays et groupes de pays, doit encore approuver le versement à la Grèce. Dans l’immédiat, il pourrait considérer l’accord du 11 octobre comme nécessitant une renégociation, voire caduc.

Le pire scénario pour la zone euro serait qu’une coalition d’Etats membres se crée pour considérer que la Grèce ne mérite plus le soutien de l’institution. La question doit être débattue au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20 jeudi et vendredi.

Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, l’institution-soeur du FMI, considérait mardi le projet de référendum comme un “coup de dés” : “Si cela passe, ce pourrait être un signal positif pour les gens. Si cela échoue, ce sera le bazar !”

“Le vote sera non !”, était quant à lui persuadé le prix Nobel d’économie Paul Krugman.

Trends.be, avec Belga

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