Dette américaine : le blocage politique persiste

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A cinq jours d’un possible défaut de paiement, la Chambre des représentants a reporté jeudi un vote sur le plan républciain de relèvement du plafond de la dette, par ailleurs voué à l’échec au Sénat.

La Chambre des représentants américaine a reporté jeudi un vote sur un plan de relèvement du plafond de la dette par ailleurs voué à l’échec au Sénat, nouvelle manifestation du blocage politique persistant à Washington à cinq jours d’un possible défaut de paiement.

Face à la nervosité des marchés effrayés par la perspective d’une cessation de paiement de la première économie mondiale après le 2 août, le porte-parole de la Maison Blanche a répété que l’exécutif restait “optimiste” sur la possibilité de voir les élus sceller un compromis de dernière minute.

De son côté, la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde a mis en garde jeudi contre les conséquences de l’impasse si elle devait se poursuivre. “Cela provoquerait probablement une baisse du dollar par rapport aux autres monnaies, et probablement des doutes dans l’esprit des gens qui conservent des devises, sur le fait de savoir si le dollar est effectivement la monnaie de réserve ultime et de premier ordre”, a-t-elle indiqué sur la chaîne PBS.

“Je n’ai pas de mots assez forts pour souligner à quel point c’est grave au niveau mondial”, s’est alarmé pour sa part le sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères.

Côté Bourses, Wall Street est resté morose après un début de semaine déprimé face au blocage; le Dow Jones a perdu 0,51% mais le Nasdaq a gagné 0,05%, tandis que Francfort a reculé de 0,86% et Paris de 0,57%.

Quelque 14 patrons de banques, compagnies d’assurances et autres établissements financiers de Wall Street ont écrit jeudi au président Barack Obama et aux élus du Congrès pour les “appeler instamment à parvenir à un accord cette semaine”.

Au Capitole, le camp républicain a étalé ses propres divisions jeudi. Le président républicain de la Chambre, John Boehner, a passé la journée et une grande partie de la soirée à tenter de rassembler les voix nécessaires dans son propre camp, en raison de l’opposition de la droite dure du “Tea Party”. “Aucun vote ce soir”, a finalement annoncé vers 22H30 (02H30 GMT) Kevin McCarthy, l’un des membres de la direction républicaine qui domine la dirige la chambre basse.

“C’est blessure auto-infligée”, a réagi le directeur de la communication de la Maison Blanche, Dan Pfeiffer, sur Twitter.

Faute de consensus jeudi soir, les républicains ont décidé de se réunir de nouveau vendredi à 10H00 pour tenter de trouver un terrain d’entente entre eux avant de soumettre leur plan au vote. “Nos objectifs restent les mêmes. Produire une législation sans hausse d’impôts”, a notamment déclaré le républicain Mike Pence jeudi soir.

Mais le texte républicain devait de toutes façon être rejeté au Sénat, a prévenu le chef de la majorité démocrate dans cette assemblée, Harry Reid, qui a élaboré son propre plan.

M. Reid prépare déjà la prochaine étape, selon un responsable démocrate: il a l’intention d’inviter les républicains à discuter des adaptations de son projet. Son plan économiserait 2.200 milliards de dollars sur 10 ans et relèverait a priori suffisamment le plafond de la dette pour tenir jusqu’en 2013, soit après l’élection présidentielle de novembre 2012 à laquelle M. Obama est candidat.

M. Boehner veut pour sa part une réduction des déficits de 915 milliards de dollars sur 10 ans, en échange d’un relèvement du plafond de la dette de 900 milliards avant le 2 août, puis un autre relèvement début 2012.

Les démocrates s’y opposent, estimant que cette solution ne ferait que repousser le problème de six mois, exposant davantage les Etats-Unis à une dégradation de l’évaluation de leur dette par les agences de notation.

Des semaines de discussions n’ont pas suffi pour trouver un accord sur un plan de réduction des déficits accompagné d’un relèvement du plafond de la dette, qui a atteint à la mi-mai sa limite fixée par la loi de 14.294 milliards de dollars, soit presque 100% du PIB.

Après le 2 août, les Etats-Unis perdront leur capacité d’emprunt et risqueront un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques, selon le Trésor. Mais un dirigeant de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), John Williams, a souligné que son institution n’avait “pas de baguette magique” pour empêcher une cessation de certains paiements après le 2 août.

Trends.be avec Belga

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