Dégressivité des allocations de chômage, avenir du nucléaire, refus du confédéralisme: ces indices d’une autre majorité fédérale

Georges-Louis Bouchez (MR) et Sammy Mahdi (CD&V) © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les signes d’un rapprochement, façon Suédoise, de partis pour former une majorité de centre-droit se multiplient, alors que les coalitions après le scrutin de 2024 pourraient se décider en Flandre.

Un front allant du centre à la droite se dessine pour la limitation du chômage dans le temps. C’est La Libre qui évoquait à nouveau cette perspective ce dimanche et cela ne tombe pas de nulle part. alors que la N-VA, l’Open VLD, le MR ou les engagés y sont favorables, le CD&V de Sammy Mahdi s’est récemment ranger à cette idée. Une évolution importante qui rejoint d’autres, alors que le profil de la future majorité fédérale pourrait se décider en Flandre, après le scrutin de 2024.

Un axe semble même se dessiner entre le CD&V de Mahdi et le MR de Bouchez, semblable à celui qu’avait forgé en son temps Wouter Beke et Charles Michel quand ils présidaient aux destinées de leurs formations politiques. C’est cet axe qui avait donné naissance à la Suédoise, majorité de centre-droit construite avec la N-VA pour mettre le PS dans l’opposition, une autre forme de confédéralisme aux yeux des nationalistes flamands de Bart De Wever.

“La réponse, c’est l’activité économique”

Limiter les allocations de chômage dans le temps, après trois ans comme le suggère le CD&V? Pour le MR wallon, c’est l’évidence même au vu de la situation au sud du pays. “En Wallonie, à l’heure où nous parlons, il y a environ 212.000 ou 213.000 demandeurs d’emploi dont la moitié sont au chômage depuis plus de deux ans, soulignait ce lundi matin Willy Borsus, ministre wallon de l’Economie, sur LN24. Dans le même temps, nous avons 141 métiers en pénurie ou sous forte tension.”

Et d’ajouter, dans la suite logique de son raisonnement: “Nous sommes partisans d’une limitation des allocations de chômage dans le temps, mais aussi d’un dispositif qui fait que, lorsque l’on vous a proposé à deux reprises une formation en rapport avec vos possibilités ou un emploi convenable, une sanction soit prise. Le but est d’accompagner, d’insérer, d’aider les gens, mais à un certain moment, ils doivent prendre leurs responsabilités.”

Parce que, si la situation de la Wallonie inquiète, il n’y a pas d’autre issue: “La réponse, c’est l’activité économique. Nous avons aujourd’hui un taux d’emploi de 65%. Il est 10% en deçà de la Flandre. La solution, c’est de créer de l’activité, de densifier l’emploi et de densifier l’emploi privé de manière à améliorer la situation de nos concitoyens, mais aussi de ramener des recettes fiscales directes et indirectes pour notre économie.”

Nucléaire et non au confédéralisme

L’axe rapprochant le CD&V nouvelle mouture en le MR s’est également solidifié, ces derniers mois, sur un autre dossier: l’avenir énergétique du pays. Les deux partis dont désormais favorables à la prolongation d’un plus grand nombre de réacteurs et à l’investissement dans le nucléaire du futur. Une évolution que préconisent, là aussi, la N-VA, les Engagés et DéFI qui soutiennent la proposition de loi de la députée MR Marie-Christine Marghem (MR-MCC) pour sortir de la loi de 2003 imposant la sortie du nucléaire.

Le président du MR avait indiqué qu’il refusait une majorité alternative en espérant convaincre au sein de la Vivaldi, mais il a changé de ton le week-end dernier. Si rien n’est décidé au 31 décembre 2022, le MR n’accepterait pas un risque de black-out dans un pays développé comme la Belgique, a-t-il souligné sur RTL-TVI.

Un autre indice a-t-il été donné indirectement par Paul Magnette, président du PS? Interrogé par la VRT, il a rappelé que le confédéralisme était onbespreekbaar en 2024. Or, la N-VA n’envisage une coalition future avec le PS que dans un tel cadre. Et les élections de 2024 pourraient lui conférer un poids déterminant avec la progression annoncée du Vlaams Belang.

Une telle coalition en 2024, comme en 2014, pourrait induire une réaction forte en Wallonie avec une coalition, souhaitée par un nombre croissant à gauche, entre le PS, Ecolo et le PTB, ce dernier ayant le vent en poupe. Cela rejetterait le MR dans l’opposition en Wallonie et à Bruxelles, ce que des cadres du parti craignent de plus en plus en raison du dialogue coupé entre Georges-Louis Bouchez et les présidents du PS et d’Ecolo, Paul Magnette et Jean-Marc Nollet.

On n’en est évidemment pas encore là, d’autant qu’Alexander De Croo, Premier ministre Open VLD, a annoncé son souhait d’une reconduction à la tête d’une Vivaldi 2. Encore faut-il que ce soit mathématiquement possible. Un élément important, à surveiller: Vooruit, le parti socialiste flamand de Connor Rousseau, est le seul de la majorité actuelle qui a le vent en poupe dans les sondages au nord du pays.

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