Cinq choses à savoir sur l’entrée en Bourse d’Aramco, le géant pétrolier saoudien

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Le royaume ultraconservateur d’Arabie saoudite connaît une transformation profonde sous l’impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui veut libérer l’économie de son pays de sa dépendance aux revenus pétroliers.

L’initiative la plus ambitieuse du prince héritier, l’homme fort du royaume, est la prochaine introduction en Bourse du géant pétrolier Aramco confirmée dimanche, qui pourrait être la plus importante du monde.

Pierre angulaire

C’est la pierre angulaire du plan de réformes appelé “Vision 2030” initié par le prince, qui espérait lever ainsi 100 milliards de dollars.

Cet argent est nécessaire pour financer des mégaprojets comme NEOM, une mégapole futuriste de 500 milliards de dollars sur la côte nord de la mer Rouge, dont les officiels évoquent les taxis volants et les robots parlants.

L’évaluation d’Aramco à 2.000 milliards de dollars souhaitée par le prince héritier étant désormais jugée irréaliste, ce dernier devra compter sur les milliardaires saoudiens pour acheter des actions sur le marché local, tandis que des représentants saoudiens visitent des capitales mondiales pour séduire les investisseurs étrangers.

Suivi attentif

Le nouveau titre fera l’objet d’un suivi attentif à la Bourse saoudienne, après des années de report de l’opération.

“Si les actions venaient à chuter fortement après le début des transactions, ce serait un coup très dur porté à la crédibilité des réformes si étroitement liées à Mohammed ben Salmane”, a déclaré Kristian Ulrichsen, chercheur au Baker Institute de l’Université Rice, aux États-Unis.

“Les investisseurs internationaux seront très attentifs à la performance d’Aramco sur la bourse nationale, surtout en l’absence de détails sur une cotation à l’international”, a-t-il ajouté.

10% de la production mondiale

Aramco pompe environ 10% du pétrole mondial à partir de ses puits dans l’est du royaume, mais aussi dans le désert du Sud appelé le “Quartier vide” et de gisements offshore.

Pour 2018, elle a fait état de 111,1 milliards de dollars de bénéfices, soit plus que les bénéfices combinés d’Apple, de Google et d’Exxon Mobil.

Aramco est vital pour l’approvisionnement énergétique mondial, comme l’illustre la flambée des prix du baril après des attaques contre ses installations en septembre qui ont réduit momentanément sa production de moitié.

Remodeler l’économie

Avant même de devenir prince héritier en juin 2017, l’homme fort du royaume avait annoncé un plan de diversification de l’économie de son pays.

Depuis, le royaume a connu des initiatives inédites, dont l’ouverture au tourisme et l’organisation de concerts et d’évènements sportifs. Mais les progrès sociaux, notamment des libertés accrues pour les femmes, restent irréguliers et les critiques réclamant des réformes accélérées risquent l’emprisonnement.

Avec la baisse des prix du pétrole, le royaume a augmenté ceux des carburants et de l’électricité, introduit une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 5% et imposé des taxes aux 11 millions d’expatriés dans le but de générer des revenus supplémentaires.

Le joyau de la couronne

L’introduction en Bourse d’Aramco a suscité un sentiment de fierté chez des Saoudiens, mais certains s’inquiètent de perdre le “joyau de la couronne”.

“Aramco signifie famille. (…) On y est comme à la maison”, a déclaré à l’AFP Naif Ghofaily, un employé de la firme.

“La vente a apporté beaucoup de visibilité à l’entreprise à l’échelle mondiale”, a ajouté ce trentenaire.

Beaucoup d’employés vivent en immersion totale dans des camps de base de luxe d’Aramco, dans un pays où les villes offrent peu d’attractions.

Haya, une employée de 33 ans dont le père a travaillé à Aramco “pendant plus de 50 ans”, dit être “née” et “vivre à Aramco”. Elle craint que l’introduction en Bourse “change” l’entreprise.

“Je me sens nerveuse, (…) j’ai grandi avec l’idée que mes enfants vivront la vie que j’ai vécue à Aramco et j’ai peur qu’avec l’introduction en Bourse, ça ne sera plus l’Aramco que nous connaissons”, a-t-elle dit.

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