Chine: la croissance est repartie au troisième trimestre

En 2021, la Chine a enregistré une croissance de 8,1% sur un an

La Chine a vu sa croissance repartir au troisième trimestre, à 3,9% sur un an, selon les données officielles publiées lundi, dépassant les prévisions des analystes malgré le ralentissement provoqué par les mesures sanitaires.

Publié au lendemain de la reconduction de Xi Jinping à la tête du Parti communiste chinois, ce chiffre arrive avec six jours de retard, sans annonce préalable ni conférence de presse, contrairement à la pratique habituelle.

Prévue mardi dernier, la publication avait été reportée à la dernière minute et sans explication.

Bien que sujet à caution, le chiffre officiel du PIB de la Chine – éminemment politique – n’en reste pas moins très scruté compte tenu du poids du pays en tant que deuxième économie mondiale.

La Chine ne doit “plus simplement mettre l’accent sur son PIB mais sur l’innovation, afin de parvenir à un développement de haute qualité”, a estimé devant la presse Mu Hong, un responsable de la puissante agence de planification économique du pays (NDRC).

Un groupe de 12 experts interrogés par l’AFP tablait en moyenne sur une hausse de 2,5% sur un an du PIB sur la période juillet-septembre, sous l’effet de la politique “zéro Covid”.

A rebours de bon nombre de pays qui optent pour une cohabitation avec le virus et lèvent les restrictions, la Chine continue en effet à suivre une politique sanitaire inflexible.

“Signes de reprise”

Ces mesures, qui entraînent fréquemment la fermeture inopinée d’entreprises et d’usines, pénalisent activité et déplacements, et pèsent lourdement sur la consommation des ménages.

Au deuxième trimestre, le PIB de la Chine avait ainsi connu un coup d’arrêt, ne progressant que de 0,4% sur un an, sa pire performance depuis 2020.

Mais désormais “l’économie présente des signes de reprise”, se félicite dans un communiqué Zhao Tonglu, haut responsable du Bureau national des statistiques (BNS).

D’un trimestre à l’autre, le PIB augmente également de 3,9%, un bon signe car entre le premier et le deuxième trimestre, il avait baissé de 2,6%.

Douchant tout espoir de retour à la normale, le président Xi Jinping a réaffirmé lors du congrès du Parti communiste le bien-fondé de sa politique “zéro Covid” malgré son impact sur l’activité.

“Nous plaçons les gens et leur vie avant tout”, a justifié l’homme fort de Pékin, en allusion au laxisme supposé des démocraties occidentales.

Dans ce contexte, “les perspectives économiques restent sombres”, souligne l’analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

La publication des chiffres de la croissance lundi s’est accompagnée d’une série de données économiques: ainsi, les ventes de détail, principale jauge de la consommation des ménages, ont ralenti en septembre à +2,5% sur un an, contre 5,4% en août.

De son côté, la production industrielle a rebondi à +6,3% sur un an contre 4,2% en août.

Hausse du chômage

Enfin, le taux de chômage en Chine est remonté en septembre à 5,5%, contre 5,3% un mois plus tôt.

Ce chiffre dresse toutefois un tableau incomplet de la conjoncture, car il n’est calculé que pour les seuls urbains.

Il exclut de fait les millions de travailleurs migrants, particulièrement vulnérables en zones rurales. Beaucoup avaient perdu leur emploi après la première vague épidémique en 2020.

Ces derniers mois à cause des confinements, “beaucoup de commerces ont énormément souffert et ça a développé le commerce en ligne et les livraisons”, souligne Mary-Françoise Renard, professeure à l’Université Clermont-Auvergne et spécialiste de l’économie chinoise.

“Mais ce ne sont pas des emplois qualifiés, ce qui n’est pas très bon signe”, nuance-t-elle auprès de l’AFP.

Cette année en avril, au moment du confinement de Shanghai, le taux de chômage avait atteint 6,1%, un quasi-record.

En septembre, le taux de chômage des 16-24 ans reste élevé, à 17,9%, même s’il a baissé depuis le sommet atteint en juillet (19,9%).

Egalement publié lundi, le chiffre des exportations a montré un ralentissement en septembre, avec une hausse des ventes de la Chine à l’étranger de 5,7% sur un an, contre 7,1% en août.

La Chine a fixé un objectif de croissance cette année d’environ 5,5%, mais nombre d’analystes le jugent désormais inatteignable.

Le Fonds monétaire international (FMI) table lui sur une croissance de 3,2%, soit la plus faible depuis 1976, à l’exception de l’année 2020 marquée par la pandémie.

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