Ce que la victoire d’Angela Merkel peut changer pour l’Europe

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Angela Merkel sort largement victorieuse des élections législatives. Mais pour gouverner elle pourrait s’allier aux sociaux-démocrates, qui ont toujours voulu soutenir les pays en crise de la zone euro.

A partir de ce lundi la chancelière conservatrice Angela Merkel, victorieuse des élections législatives, part à la recherche d’un partenaire pour gouverner. La probabilité est forte pour que soit rééditée la “grande coalition” entre la CDU et le SPD, comme entre 2005 et 2009. C’était en tout cas la seule hypothèse commentée par les analystes économiques. Une hypothèse qui laisse entrevoir une légère inflexion vers plus de tolérance envers les partenaires européens en crise de la part du nouveau gouvernement allemand.

Holger Schmieding, économiste de Berenberg Bank, attend d’une telle alliance “une inflexion minimale de la position allemande en faveur des pays de l’euro en crise”. Même pronostic pour Andreas Rees d’Unicredit, qui table sur “la poursuite d’une politique pro-européenne, peut-être un peu plus constructive”. Ces dernières années le SPD social-démocrate, tout comme les Verts, s’est rangé derrière la chancelière en votant la plupart des plans d’aide mis sur pied pour les pays européens en crise. De fait “la politique européenne de l’Allemagne a été de plus en plus co-gérée par la CDU et le SPD”, relève pour l’AFP Gilles Moëc, de Deutsche Bank. Une coalition entre les deux ne ferait qu'”officialiser cette gestion commune”, dit-il, avec “un message à l’attention du reste de l’Europe peu susceptible de beaucoup changer”.

Le SPD a certes souvent décrié la politique d’Angela Merkel, basée sur l’exigence de réformes structurelles socialement douloureuses et de réduction des déficits en échange de la solidarité allemande. Le candidat du SPD, Peer Steinbrück, a plusieurs fois affirmé dans la campagne électorale que cette politique étouffait la croissance des pays en crise.Mais son arrivée au pouvoir ne changera pas fondamentalement la logique du donnant-donnant qui gouverne les aides européennes, et dans laquelle le quotidien Handelsblatt, journal des milieux d’affaire allemands, voyait lundi un facteur essentiel du succès électoral de la chancelière.

Avancées sur l’union bancaire et petite relance intérieure

Cependant, à la tête d’une grande coalition, Mme Merkel serait moins sous pression des eurosceptiques de son camp, et sans doute plus encline à laisser un peu plus de temps aux pays en crise pour atteindre leurs objectifs de redressement. En outre, dans le chantier de l’union bancaire en gestation, “nous nous attendons à un compromis entre Berlin et Bruxelles sur une autorité de liquidation et un fonds de restructuration tôt ou tard”, prédit M. Rees. L’Allemagne freine pour le moment sur ces deux points.

Angela Merkel avait déjà adouci le ton à l’encontre des pays en crise, depuis quelques mois, par exemple en érigeant en priorité européenne la lutte contre le chômage des jeunes. Des concessions plus importantes, comme une nouvelle décote de la dette grecque ou encore une mutualisation de la dette des Européens, semblent hors de portée.

Le SPD s’est un temps prononcé en faveur de ces “eurobonds” qui verraient les pays de la zone euro émettre de la dette en commun. Cette revendication, peu porteuse dans une Allemagne pas du tout disposée à payer pour les autres, avait ces derniers temps disparu de son programme. De toute manière “l’essentiel des négociations” entre les deux camps pour former une coalition “devrait se concentrer sur des sujets domestiques, et pas sur les politiques européennes”, selon Annalisa Piazza, de Newedge. Au menu : un salaire minimum généralisé -revendication centrale du programme du SPD-, la gestion de la transition énergétique, ou encore des investissements dans les infrastructures et l’éducation.
M. Schmieding s’attend ainsi à “une petite politique de relance par le biais de dépenses dans les infrastructures et le réseau électrique”. Mais vraisemblablement pas les 80 milliards d’euros par an que le SPD était prêt à mettre sur la table. Par ricochet, une hausse des dépenses publiques en Allemagne pourrait aussi profiter à ses partenaires européens.

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