Brexit: quels sont ces arrangements temporaires annoncés pour atténuer un éventuel “no deal” ?

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La Première ministre britannique Theresa May a annoncé mardi qu’elle laisserait aux députés le choix d’un éventuel report du Brexit pour éviter une sortie sans accord de l’Union européenne, le 29 mars.

Plusieurs arrangements temporaires ont été annoncés pour tenter d’atténuer tant que faire se peut les conséquences néfastes d’un “no deal”. La plupart de ces accords sont temporaires et couvrent des secteurs clés, afin en particulier de permettre aux supermarchés de garder leurs linéaires garnis et aux marchés financiers de continuer à fonctionner.

Mais le gouvernement s’est inquiété mardi du manque de préparation des entreprises concernées, estimant que seules 40.000 sur 240.000 avaient entrepris les démarches nécessaires.

– Les chambres de compensation –

L’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) a annoncé le 18 février avoir accordé à trois chambres de compensation britanniques une autorisation leur permettant de continuer à offrir leurs services dans l’UE durant un an en cas de Brexit sans accord et sans période de transition.

Cette reconnaissance accordée à LCH Limited, ICE Clear Europe Limited et LME Clear Limited vise à “éviter tout impact négatif sur la stabilité financière de l’UE”.

C’est une décision importante pour Londres et son énorme marché des produits dérivés, instruments financiers prévoyant la couverture du risque. En 2018, le marché européen des dérivés était valorisé à 660 billions d’euros (soit 750 billions de dollars).

De même, le Royaume-Uni et les Etats-Unis continueront à coopérer sur les marchés dans le domaine clé des produits dérivés quelle que soit l’issue du Brexit, ont annoncé la Banque d’Angleterre et les régulateurs des deux pays, le 25 février.

Avions et trains

En 2018, quelque 22 millions de tonnes de marchandises ont transité par le tunnel sous la Manche reliant la France au Royaume-Uni ainsi que près de 11 millions de passagers via l’Eurostar et 10 autres millions via les Navettes.

La Commission européenne a annoncé le 12 février avoir adopté une proposition permettant d’assurer la continuité du transport de passagers et de fret via le tunnel durant trois mois en cas de “no deal”. Elle vise une entrée en vigueur de la mesure au plus tard le 30 mars, au lendemain du Brexit.

Un rapport confidentiel du gouvernement britannique, dévoilé par le Financial Times, estime que les queues pourraient concerner jusqu’à 15.000 passagers chaque jour à la gare londonienne de St Pancras si les autorités françaises décidaient de mener des contrôles de passeport plus rigoureux pour les voyageurs britanniques.

De même, un accord préliminaire a été trouvé au niveau européen, en février, afin d’éviter l’interruption brutale du trafic aérien entre le Royaume-Uni et l’UE à 27.

Médicaments

Deux tiers des 12.000 médicaments sous licence utilisés au Royaume-Uni sont importés de l’Union européenne.

Face aux inquiétudes suscitées par un Brexit dur, le ministre britannique de la Santé, Matt Hancock, a déclaré en janvier au Parlement que les fournitures de médicaments auraient “la priorité” sur les approvisionnements en nourriture.

Le Royaume-Uni a aussi prévu de stocker des médicaments pour six semaines supplémentaires, en plus des trois mois de stocks actuels dont il dispose.

Le ministère de la Santé a aussi prévu de mettre en place un “canal de livraison dédié” pour les fournitures urgentes ou “just in time”. Ces livraisons se feront via un hub logistique en Belgique.

Ports et commerce

Relié à Calais, en France, le port anglais de Douvres traite annuellement jusqu’à 17% du commerce britannique de biens, en valeur.

Mais les volumes échangés risquent d’enregistrer une chute vertigineuse de près de 90% en cas de contrôles douaniers intensifs, selon une estimation de la Border Force dévoilée par Sky News en décembre.

Xavier Bertrand, président de la région des Hauts-de-France, s’est voulu rassurant dans un entretien à l’AFP le 20 février, appelant à faire preuve de “bon sens”. “Tant que les normes sanitaires sont les mêmes, pourquoi on va tout changer? (…) Le jour où les Britanniques ne contrôleraient plus des denrées arrivant d’autres continents -moi, je n’ai pas envie de manger du poulet chloré-, là, il faudrait tout changer”.

Le Royaume-Uni a aussi dit vouloir se montrer pragmatique.

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