Brexit: la croissance britannique fait de la résistance

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La croissance économique au Royaume-Uni a légèrement accéléré au troisième trimestre à 0,4%, une bonne nouvelle pour le gouvernement avant le budget, même si l’activité devrait ralentir pour l’ensemble de 2017 sur fond de Brexit.

Les chiffres dévoilées mercredi par l’Office des statistiques nationales (ONS) constituent une première estimation et ont surpris les économistes qui s’attendaient à ce que la hausse du produit intérieur brut (PIB) par rapport au trimestre précédent se maintienne à 0,3%.

Ils témoignent toutefois toujours d’une activité économique qui ralentit depuis le début de l’année par rapport à 2016, où la croissance avait atteint 1,8% sur l’ensemble de l’année, au point que le pays a été le plus mauvais élève au sein des pays du G7 au premier semestre 2017.

La principale contribution à la croissance de juillet à septembre est venue du puissant secteur des services (finance, commerce, etc.), qui représente une large majorité de l’économie britannique.

Ce secteur a progressé de 0,4%, grâce notamment aux activités financières et à celles de la programmation informatique, a précisé l’ONS.

La production industrielle s’est également bien comportée (+1,0%), alors que l’activité dans la construction a marqué le pas (-0,7%).

Les économistes sont par ailleurs d’accord pour dire que cette bonne nouvelle ne peut que renforcer la Banque d’Angleterre (BoE) dans sa volonté de resserrer un peu sa politique monétaire.

Resserrement monétaire

Une possible hausse des taux devient possible, peut-être dès la réunion du comité de politique monétaire de la BoE de la semaine prochaine, afin de contrer la poussée de l’inflation, sans compromettre l’activité économique.

“La Banque d’Angleterre devrait augmenter ses taux d’intérêt la semaine prochaine mais les faibles perspectives de croissance vont peser lourdement sur ses futures décisions quand il s’agira de poursuivre le resserrement l’année prochaine”, prévient James Smith, économiste chez ING.

De son côté, le gouvernement s’est félicité de ces chiffres de croissance, un mois avant la publication d’un budget pour l’exercice 2018-2019 qui s’annonce délicat à boucler compte tenu des incertitudes économiques et politiques actuelles.

“Nous avons une économie prospère et résistante qui aide un nombre record de personnes ayant un emploi”, a souligné le ministre des Finances Philip Hammond.

“Ma priorité désormais, notamment pour le prochain budget, est de soutenir la productivité dans le but de proposer des emplois mieux payés et un meilleur niveau de vie à travers le pays”, a-t-il ajouté.

Toute bonne nouvelle sur l’économie est bonne à prendre pour le gouvernement qui va devoir composer avec une productivité faible dans les années à venir, au risque de limiter la croissance et de contraindre les finances publiques en plein Brexit.

Coup de frein

“Malgré l’amélioration à la marge du jour, la croissance a été relativement terne cette année”, prévient néanmoins Ben Brettell, économiste chez Hargeaves Lansdown.

“L’incertitude liée au Brexit est le coupable idéal et cela joue un rôle en décourageant l’investissement des entreprises et en élevant l’inflation. Cela dit, le problème de fond est connu: la productivité”, note-t-il.

Malgré ce chiffre trimestriel flatteur, la croissance économique ralentit clairement depuis le début de l’année par rapport à 2016, en raison d’une faiblesse de la consommation des ménages et d’investissements mitigés, à propos desquels l’ONS ne fournit aucune donnée à ce stade pour le troisième trimestre.

L’inflation nourrie par la baisse de la livre pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, tandis que les difficiles négociations sur le Brexit et le flou sur les futures relations avec l’UE limitent les initiatives des milieux d’affaires.

C’est d’ailleurs le constat fait par l’OCDE qui a jugé la semaine dernière que l’économie serait en meilleure forme si le pays revenait sur le Brexit.

Les économistes ne prévoient toutefois qu’un coup de frein limité de la croissance cette année, à 1,6% selon une compilation d’estimations établie par le Trésor, avant une année 2018 sans doute plus difficile et cruciale avant que le Brexit ne soit effectif en mars 2019.

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