Bernard Keppenne (CBC): “Les plans de relance auront un impact positif mais pas à court terme”

© PG-O. Anbergen
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le “chief economist” de CBC ne partage pas tout à fait l’optimisme de la Banque Nationale (BNB) et du Bureau du Plan sur la vigueur de la reprise dès cette année 2021.

1. La BNB et le Bureau du Plan ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour l’économie belge et misent désormais sur une croissance de 5,5% cette année. Partagez-vous leur optimisme?

Pas tout à fait. Il y a une énorme inconnue: le comportement des consommateurs. Dans le scénario de la BNB et du Bureau du Plan, la consommation serait un facteur majeur de la croissance pour les années futures. C’est clair qu’après l’accumulation d’une épargne forcée, puis de précaution, il y aura un phénomène de rattrapage. Mais, à notre sens, pas avec l’ampleur attendue. `

Du côté des investissements des entreprises, les signaux sont effectivement positifs. Mais ces investissements ont pris du retard et leur impact positif immédiat pourrait s’avérer moindre qu’attendu. Enfin, le commerce international va reprendre et nous pourrions nous retrouver face à des goulets d’étranglement. La difficulté à recruter la main-d’oeuvre qualifiée risque de freiner les exportations de nos PME. C’est d’autant plus plausible que ce phénomène préexistait à la crise du covid.

2. Vous parliez d’inconnue à propos de la consommation. La mise en route des plans de relance, forts de plusieurs milliards d’euros, ne va-t-elle pas renforcer la confiance des citoyens et, par là, la consommation?

Ce ne sont pas les plans de relance qui dopent la confiance des consommateurs, mais la levée des mesures de confinement, la réussite de la campagne de vaccination et le retour au travail en présentiel. Les plans de relance auront sans doute un impact positif sur notre économie, mais pas vraiment à court terme. Les fonds alloués par l’Europe vont être étalés sur quelques années, ce qui dilue leur impact. Quand on parle de 7 ou 8 milliards au niveau belge, ce n’est finalement pas énorme. Il faudra voir aussi ce qui se passe en Allemagne où des élections sont prévues en septembre: reviendra-t-on alors à des politiques d’austérité ou poursuivra-t-on dans la lignée des dernières années d’Angela Merkel en acceptant des dépassements budgétaires? J’espère que nous ne commettrons plus les erreurs de 2008-2010, avec des mesures d’austérité aux conséquences catastrophiques.

3. Dans le scénario du Bureau du Plan, l’économie belge retrouverait son niveau d’avant-crise au début 2022. Elle progresserait alors de 2,9%, ce qui est nettement mieux qu’avant la crise. Le vrai chiffre encourageant n’est-il pas là?

Absolument. C’est peut-être l’élément le plus important dans ces prévisions. En 2021, on ne fait que combler un trou, les chiffres de croissance sont donc un peu surfaits. Pour la suite, nous sommes sur la même logique que le Bureau du Plan avec les éléments porteurs des plans de relance, des taux d’intérêt qui restent bas et, je pense, une accélération des investissements des entreprises. Il faut bien entendu rester très prudent par rapport aux impacts d’éventuels variants mais, sinon, les paramètres semblent bien alignés.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content