BCE : Trichet face à un “formidable défi de communication”

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Conférence de presse cruciale pour le président de la BCE, qui laisse (à nouveau) son principal taux directeur inchangé à 1 %. Jean-Claude Trichet doit en effet rassurer les marchés sur l’état de la zone euro et la crédibilité de l’institution. “Les platitudes habituelles sur les taux d’intérêt qui restent appropriés même si les incertitudes restent élevées ne suffiront pas cette fois”, prévient déjà un économiste.

La Banque centrale européenne a décidé jeudi de laisser son principal taux d’intérêt directeur inchangé à 1 %, a annoncé un de ses porte-parole. Une décision unanimement attendue. Le taux est fixé à ce niveau historiquement bas depuis mai 2009. Jean-Claude Trichet, président de la BCE, doit tenir dans l’après-midi une conférence de presse très attendue par les marchés en quête de réconfort sur l’état de la zone euro et sur la crédibilité de l’institution.

Le Français devra relever “un formidable défi de communication, estime James Nixon (Société Générale). Les platitudes habituelles sur les taux d’intérêt qui restent appropriés même si les incertitudes restent élevées ne suffiront pas cette fois.”

Jean-Claude Trichet devra surtout s’expliquer sur la stratégie d’achat d’obligations publiques de la BCE, une mesure inédite dans sa (jeune) histoire. Il sera aussi interrogé sur les tensions qui augmentent sur le marché interbancaire. Les banques de la zone euro préfèrent en effet déposer leurs liquidités auprès de la BCE au lieu de les prêter à des consoeurs, une aversion au risque qui rappelle la période de la faillite de Lehman Brothers… Or, ce comportement est potentiellement dangereux pour le crédit et la fragile reprise économique en cours.

Signalons au passage qu’outre-Manche, la Banque d’Angleterre, qui s’est réunie jeudi, a elle aussi maintenu son principal taux à 0,5 %.

La BCE abaisse sa prévision de croissance 2011 en zone euro (+ 1,2 %)

La Banque centrale européenne a par ailleurs abaissé sa prévision de croissance pour 2011 en zone euro, à 1,2 % contre 1,5 % précédemment, a déclaré jeudi Jean-Claude Trichet. La BCE prend ainsi notamment acte de l’impact négatif, sur la croissance à moyen terme, des plans d’austérité récemment annoncés par plusieurs pays européens pour consolider leurs finances publiques. En revanche, la BCE a rehaussé sa projection de croissance pour l’année en cours, à 1 % contre 0,8 % précédemment.

L’institution monétaire européenne actualise chaque trimestre ses prévisions de croissance et d’inflation pour la zone euro. Elle mise désormais sur une hausse des prix de 1,5 % cette année, contre 1,2 % jusque-là. Pour 2011, elle a également rehaussé sa prévision d’inflation, à 1,6 % plutôt que 1,5 %. La hausse des prix devrait donc rester sous le seuil prescrit par la BCE, c’est-à-dire une inflation proche mais inférieure à 2 % sur le moyen terme.

BCE : Trichet prend la défense de l’euro mais se tait sur les obligations

[UPDATE] Le président de la Banque centrale européenne a défendu jeudi la devise européenne, la qualifiant de “très crédible”, mais n’a pas, contrairement aux attentes, livré davantage de détails sur les achats d’obligations publiques par la BCE.

La valeur externe de la monnaie commune comparée au dollar a plongé ces dernières semaines face aux inquiétudes sur la crise de la dette en zone euro. L’euro “est un actif majeur pour les investisseurs étrangers et domestiques”, a estimé Jean-Claude Trichet. Il a aussi redit l’attachement inflexible de la BCE à lutter contre l’inflation.

La décision, inédite dans l’histoire de l’institution, d’acheter des obligations de pays en difficulté budgétaire ne change rien à ce mandat, a-t-il martelé. A ce propos, le Français n’a absolument rien dévoilé de plus sur le programme d’achat de ces obligations, dont l’efficacité est mise en doute et controversée au sein même du conseil des gouverneurs de la BCE. Les économistes avaient espéré qu’il révèle au moins la provenance des titres acquis, afin d’apporter un peu plus de transparence sur le marché et faire barrage aux spéculations.

Interrogé sur l’aversion au risque revenu en force entre banques, qui ne se prêtent quasiment plus entre elles, il a constaté que le marché monétaire ne fonctionnait “pas parfaitement”. Et annoncé dans la foulée la tenue de trois prochaines opérations de refinancement sur trois mois, qui permettent aux banques d’emprunter auprès de la BCE autant de liquidités qu’elles le souhaitent, au taux fixe de 1 %, soit un niveau très avantageux pour les établissements.

Axel Weber, membre influent de la BCE et candidat officieux à la présidence en 2011, avait vertement critiqué le programme d’achat d’obligations, potentiellement inflationniste selon lui et dommageable à l’indépendance de la BCE. L’Allemand avait fait savoir aussi qu’il avait voté contre. Interrogé à ce propos, Jean-Claude Trichet a répliqué : “Il y a une devise, une BCE, un conseil des gouverneurs et il y a toujours une seule décision.”

Trends.be, avec Belga

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