Agences de notation : la théorie du complot resurgit…

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Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch ont été souvent conspuées pour leur rôle dans les crises économiques. Il faut dire que leur calendrier peut jeter la suspicion sur leurs avis : un vendredi 13, à 100 jours exactement de la présidentielle française, vraiment ?

“Aberrant”, “à contretemps”, “suspect” : de Paris à Berlin en passant par Bruxelles, la dégradation, vendredi, de neuf pays de la zone euro a rallumé une controverse sur les annonces des agences de notation, qui est remontée samedi jusqu’au Vatican.

Depuis le début de la crise de la dette, le timing de ces annonces suscite régulièrement la colère des dirigeants européens, dont certains n’hésitent pas à parler de “complot”. La décision de Standard & Poor’s d’abaisser les notes de neuf pays, dont la France (privée de son triple A) et l’Italie, est intervenue vendredi au moment où l’Union monétaire voyait poindre une accalmie, avec des Bourses stabilisées et une détente sur les taux obligataires.

“A peine ces bonnes nouvelles surgissent-elles, et avec elles, un peu de détente”, que la tension est “artificiellement” de retour, a critiqué samedi Guido Westerwelle, chef de la diplomatie allemande, plaidant pour des agences “indépendantes, européennes” sur lesquelles l’UE n’a jamais pu s’entendre.

“Je reste étonné du moment choisi par l’agence Standard & Poor’s” (Barnier)

“Je reste étonné du moment choisi par l’agence Standard & Poor’s et, sur le fond, de son évaluation qui ne prend pas en compte les progrès actuels”, a déclaré Michel Barnier, commissaire européen aux Services financiers.

A Paris, le Premier ministre François Fillon a renchéri : à ses yeux, la dégradation de la note de la France arrivait “à contretemps au regard des efforts engagés par la zone euro, des efforts que les investisseurs d’ailleurs commencent à reconnaître”.

Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques, a été le premier à monter au créneau dès vendredi pour “regretter la décision aberrante” de S&P. Ironique, il a assuré avoir auparavant “vérifié que le moment n’a pas été choisi au hasard”, vendredi 13 oblige… Pour l’anecdote, le calendrier 2012 en compte deux autres à venir, en avril et en juillet.

Le débat est remonté samedi rien moins qu’au Vatican, dont l’organe officiel a émis des doutes sur le “moment” choisi par S&P : “Avec un sens du calendrier parfait et suspect, l’attaque est arrivée”, a écrit l’Osservatore Romano.

Agences de notation : le “complot” contre la zone euro ?

S’il y a rarement de bons moments pour les mauvaises nouvelles, les annonces de S&P, ou de ses rivales Moody’s et Fitch, sont particulièrement mal tombées pour la zone euro ces derniers mois. Standard & Poor’s avait déjà jeté un froid le 5 décembre, en annonçant la mise sous surveillance négative de 15 des 17 pays membres de la zone euro (qui a abouti à la décision de vendredi) à trois jours d’un sommet européen présenté par de nombreux observateurs comme vital pour la survie de la monnaie unique.

Après cette annonce, plusieurs personnalités politiques avaient évoqué un “complot” contre la zone euro. L’Allemand Martin Schulz, chef de file des socialistes au Parlement européen, avait jugé “étonnant que de tels avertissements soient toujours publiés avant les sommets européens et semblent rendus publics de manière calculée. Cela est très suspect.”

Une dizaine de jours plus tard, Fitch a menacé le 16 décembre d’abaisser la note des dettes souveraines de six pays, dont l’Italie, au moment même où Rome remportait un important vote de confiance ouvrant la voie à un plan d’austérité drastique pour tenter de redresser ses finances publiques.

En France, l’annonce de la perte du triple A de S&P est tombée à 100 jours pile du premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril.

Trends.be, avec Belga

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