Qui est George Soros, financier américain devenu bouc émissaire des régimes autoritaires?

George Soros. Le milliardaire de 85 ans serait sorti de sa retraite pour investir dans l'or et les mines aurifères. © iStock

Il est accusé d’avoir soutenu, ici un coup d’Etat, ailleurs des manifestations, quand ce n’est d’avoir fabriqué la crise migratoire vers l’Europe : le financier américain George Soros est devenu le bouc émissaire favori d’une frange d’acteurs politiques amateurs de thèses complotistes.

Le départ de Budapest, annoncé mardi, de l’Open society Foundations (OSF), la puissante organisation caritative fondée par George Soros, marque un nouveau cap dans la campagne de dénigrement dont le milliardaire fait l’objet.

OSF estime ne plus pouvoir travailler dans le climat d’hostilité distillé par le gouvernement national-conservateur de Viktor Orban et de contrôle croissant sur ses activités.

Le déménagement à Berlin des bureaux hongrois de la fondation marquera la fin de plus de trente ans de présence d’OSF dans le pays natal de George Soros, où il a démarré ses activités philanthropiques en 1984 avant de les étendre au reste du monde, en faisant de l’espace post-communiste son terrain privilégié.

C’est aussi la Hongrie qui, la première, a sonné la charge contre l’homme d’affaires de 87 ans faisant de son antienne anti-Soros un tube à succès repris par les nationalistes et souverainistes en tout genre, hostiles à l’idée de “société ouverte” promue par OSF.

Accusé d’ingérence

“Soros est présenté comme le responsable de tous les bouleversements politiques. Il fait un excellent bouc émissaire pour des régimes de plus en plus autoritaires”, relevait récemment pour l’AFP l’expert allemand Ulf Brunnbauer.

“Il représente le capitalisme” aux yeux de ses détracteurs et est, de fait, “le mécène de nombreuses organisations”, ajoute ce spécialiste de l’Europe de l’Est et du Sud-Est.

Ses adversaires accusent d’ingérence politique celui qui a dépensé des milliards à travers le globe -de l’Angola à l’Ukraine en passant par l’Indonésie- au profit de réformes de l’économie, de la santé, de la justice et de l’éducation, du droit des minorités et de la lutte contre la corruption.

Plusieurs organisations financées par l’OSF ayant des activités de soutien aux réfugiés, les attaques contre Georges Soros se sont intensifiées depuis la crise migratoire qui a touché l’Europe en 2015 et 2016.

C’est après être devenu l’un des maîtres du monde de la finance que Soros a pu consacrer son argent à des activités philanthropiques.

Hongrois d’origine juive né en 1930, Georges Soros a survécu aux nazis et fui l’occupation soviétique en 1946 avant de faire fortune aux Etats-Unis.

En 1992, il est devenu “l’homme qui fit sauter la Banque d’Angleterre” en déclenchant une attaque spéculative d’ampleur contre la livre sterling. Le spécialiste des coups financiers a aussi été rattrapé par la justice, notamment condamné en 2002 en France pour délit d’initié.

En 2017, ce père de cinq enfants a fait don de 18 milliards de dollars à sa fondation, faisant de l’OSF la deuxième plus riche ONG aux Etats-Unis, après la Fondation Bill et Melinda Gates.

De Rome à Washington

Viktor Orban – qui bénéficia d’une bourse Soros lorsqu’il était un étudiant anticommuniste- accuse régulièrement son ancien bienfaiteur d’utiliser des ONG “prédatrices” pour inonder l’Europe de réfugiés musulmans et créer un “empire transnational”.

Ses ennemis se recrutent aussi en Macédoine, que l’ex-Premier ministre nationaliste Nikolas Gruevksi a voulu “désorosiser”; en Pologne, où le chef de la droite, Jaroslaw Kaczynski, lui a reproché de vouloir créer des “sociétés sans identité”; en Roumanie, où la majorité sociale-démocrate a allégué que le magnat avait téléguidé en 2017 des centaines de milliers de manifestants contre le gouvernement. La Russie a interdit en 2015 la fondation OSF.

Soros “interfère dans les élections et les référendums dans le monde entier”, a asséné Nigel Farage, le croisé du Brexit, en février.

Leader de l’extrême droite italienne -et possible membre du prochain gouvernement- Matteo Salvini a qualifié le milliardaire de “dangereux” pour avoir prétendument transformé l’Italie en un pays “métissé”.

En Autriche, les dirigeants du parti d’extrême droite FPÖ -allié de la coalition gouvernementale- ont récemment endossé les critiques d’Orban contre Soros. En France, le magazine de droite Valeurs actuelles a provoqué l’indignation avec une couverture récente accusant le milliardaire de “comploter contre la France”.

De l’autre côté de l’Atlantique, le site internet d’extrême droite Breitbart publie des mises en cause quasi-quotidiennes de George Soros, grand donateur du parti démocrate américain.

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