Les pères du BlackBerry quittent un RIM à genoux

Mike Lazaridis et Jim Balsillie, fondateurs et co-CEO de Research In Motion, “passent le témoin”, selon leur double expression, à un nouveau patron. Ils laissent un BlackBerry au bord de l’asphyxie. Notamment boursière.

Mike Lazaridis et Jim Balsillie, fondateurs et co-CEO de Research In Motion, quittent leur poste au profit de Thorsten Heins, qui devient à la fois CEO et président du fabricant du BlackBerry.

Mike Lazaridis devient vice-président du conseil d’administration de RIM et prend la tête du tout neuf “comité d’innovation” du groupe canadien. “En tant que vice-président, il oeuvrera étroitement avec Thorsten Heins pour offrir des conseils stratégiques, assurer une transition en douceur et continuer à promouvoir la marque BlackBerry dans le monde”, indique l’entreprise dans un communiqué.

Jim Balsillie, quant à lui, reste membre du conseil de direction : “C’est le bon moment de passer le témoin à un nouveau patron, et j’ai pleinement confiance en Thorsten, dans l’équipe de direction et l’entreprise, dit-il, cité dans le communiqué. Je demeure un actionnaire important et un administrateur de Research In Motion.”

“Il vient un temps, dans la croissance de toute société à succès, où les fondateurs doivent savoir passer le témoin à un nouveau patron. Jim et moi avons rencontré le conseil d’administration et lui avons dit que ce temps était venu”, indique quant à lui Mike Lazaridis.

Et l’ex-co-CEO de détailler le contexte de ce “pas de côté” : “Avec la sortie du BlackBerry 7, la livraison du PlayBook 2.0 en février et le BlackBerry 10 attendu pour le courant de cette année, Research In Motion entre dans une nouvelle phase, et il nous a semblé qu’il était temps, pour un nouveau dirigeant, de piloter RIM durant cette période et au-delà.”

BlackBerry : les deux fondateurs laissent un Research In Motion en mauvaise posture

Les deux fondateurs laissent un RIM en mauvaise posture. Après un double sommet boursier, l’un en octobre 2007 – au moment où le BlackBerry dépassait les 10 millions d’utilisateurs – et l’autre en novembre 2008 – avec le lancement du BlackBerry Storm, premier appareil de RIM doté d’un écran tactile et dénué de tout clavier – le cours de l’action Research In Motion s’est effondré, passant de 137,41 dollars fin 2008 à 17 dollars aujourd’hui sur le Nasdaq (voir graphique ci-dessus). Soit une chute de 87,6 %.

Il faut dire que RIM a accumulé les “tuiles” ces deniers mois : le retard du lancement du BlackBerry 10, l’échec commercial de la tablette PlayBook, la panne d’octobre 2011 (qui laisse des millions d’utilisateurs du BlackBerry sans e-mail ni Internet), les craintes en matière de sécurité des données exprimées par l’Inde et plusieurs autres pays par rapport au BlackBerry.

En juin 2011, Research In Motion révélait qu’il n’atteindrait pas ses objectifs financiers, qu’il comptait supprimer plus de 10 % de postes et racheter des actions. Mi-décembre, rebelote : le groupe canadien revoit à la baisse ses prévisions de bénéfices et de chiffre d’affaires. Faut-il y voir la raison du faux départ des fondateurs ? Certes, l’action RIM s’est délesté 73 % en Bourse sur la seule année écoulée, mais Jim Balsillie l’assure au Wall Street Journal : “Ce n’est pas en réaction à cela” que ce “passage de témoin” a été accompli.

Une décision qui fera au moins un heureux. Le fonds d’investissement Jaguar, qui dit représenter avec des actionnaires alliés “un peu moins de 10 %” du capital de RIM, avait, avant la publication des résultats trimestriels mi-décembre, critiqué la direction bicéphale de RIM et demandé à des membres indépendants du CA de la remplacer ou, à défaut, de pousser à la vente du groupe. “Il n’y a pas d’intention de mettre l’entreprise en vente”, a rétorqué une source du Wall Street Journal.

Vincent Degrez

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