Ces riches Français qui s’exilent chez nous…

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Rentiers et surtout entrepreneurs, les “Sans Difficultés Financières” d’outre-Quiévrain n’ont cessé de choisir la Belgique comme terre d’accueil fiscal. L’élection de François Hollande va sans nul doute accélérer le mouvement. Portrait-robot de ces fortunés exilés fiscaux.

Retrouvez notre enquête complète sur l’exode des riches Français dans le magazine Trends-Tendances daté du 10 mai 2012

“Les demandes de renseignements se sont accélérées ces derniers mois de la part de Français fortunés… et anxieux. Nous nous attendons à ce que le mouvement s’accélère”, observe Frédéricq Jacquet, directeur chez Deloitte Conseils Fiscaux, à Bruxelles. Les détenteurs de patrimoine d’une certaine ampleur n’hésitent pas à s’adresser directement à ces professionnels internationaux, que beaucoup croient axés exclusivement sur les entreprises.

Au fait, un “patrimoine d’une certaine ampleur”, c’est quoi au juste ? “Le dernier client avec lequel j’ai discuté affichait 20 millions d’euros : c’est un montant assez représentatif”, précise l’intéressé. Les Français venant aux nouvelles s’interrogent clairement sur l’opportunité de rester dans l’Hexagone ou pas. Certains ont déjà pris leur décision, avec des affirmations telles que “le plus vite sera le mieux”, ou “mon appartement à Paris est déjà en vente” !

Quel est le profil des futurs expatriés fiscaux ? Il en est deux essentiellement : d’anciens dirigeants retraités, qui veulent esquiver l’impôt sur la fortune, et des patrons sur le point de vendre leur entreprise en évitant la plus-value, observe très classiquement Frédéricq Jacquet.

Les seconds sont beaucoup plus nombreux que les premiers, parfois bien connus et donc plus emblématiques. L’absence d’imposition des plus-values en Belgique est en effet un critère essentiel pour un entrepreneur français qui souhaite vendre sa société. S’il est parti de rien, le prix de vente sera presque entièrement de la plus-value et il sera donc imposé à quelque 32,5 % en France. Ce tiers ainsi ponctionné est jugé confiscatoire par de nombreux entrepreneurs.

Les donations bénéficient également d’un régime très favorable en Belgique, mais ceci concerne peu les Français, avertit Michel de Villenfagne (Banque Transatlantique) : pour transmettre à ses enfants en bénéficiant du régime belge, il faut que ces enfants résident également en Belgique, ce qui est l’exception. Par contre, s’ils savent bien que la Belgique n’impose ni la fortune ni la plus-value, les exilés fiscaux ignorent généralement tout des intérêts notionnels. C’est une agréable découverte, observe un banquier. “Déduire un intérêt fictif de ses fonds propres est pour eux fabuleux”, renchérit un autre.

Pour en revenir à l’identité des futurs exilés fiscaux, la palette est large puisqu’un interlocuteur observe des entrepreneurs “plus modestes” que naguère, tandis qu’un autre rencontre au contraire davantage de “gros rentiers” que par le passé. Et d’évoquer un dossier pesant plusieurs centaines de millions ! Un troisième signale être en discussion avec des personnalités du spectacle et un sportif de haut niveau.

Les Parisiens restent les plus nombreux, mais la province effectue une percée : l’ouest de la France, mais aussi le sud, jusqu’à Marseille et Toulouse.

Sébastien Buron, Guy Legrand et Benoît Mathieu

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