Ben Laden : du financier au terroriste (portrait)

© Reuters

Rien ne prédisposait Oussama ben Laden, 12e enfant d’un magnat du bâtiment, à devenir un révolutionnaire et l’homme le plus recherché du monde, haï par les uns, adulé et respecté par les autres. Portrait.

Oussama ben Laden, dont le président américain Barack Obama a annoncé dimanche soir la mort, était l’homme le plus recherché du monde depuis 10 ans et les attentats du 11 septembre 2001, dont il fut le cerveau.

Fils d’une riche famille saoudienne, le chef du réseau terroriste Al-Qaïda, s’est forgé un destin de financier islamiste et combattant antisoviétique en Afghanistan, avant de se radicaliser pour devenir l’inspirateur d’un djihad mondial anti-occidental.

Ben Laden : rien ne prédisposait cet enfant d’un magnat du bâtiment à devenir l’homme le plus recherché du monde

Rien ne prédisposait le douzième enfant du magnat du bâtiment Mohammed ben Laden, immigré yéménite devenu richissime, à devenir un révolutionnaire et l’homme le plus recherché du monde, haï par les uns, adulé et respecté par les autres.

Né à Ryad en 1957 (la date exacte n’est pas confirmée), Oussama ben Laden étudie le génie civil et le commerce à la prestigieuse université King Abdul Aziz de Djeddah, au sein de laquelle il se lie dès 1973 à des groupes islamistes. Ses amis de l’époque décrivent un jeune homme pieux, réservé, assidu dans l’étude des textes principaux du wahhabisme, forme rigoriste de l’islam sunnite en vigueur dans son pays.

Son parcours semble tout tracé : intégrer le groupe familial et ses multiples filiales. Après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes de Moscou en 1979, il répond toutefois à l’appel du djihad, extrêmement populaire en Arabie Saoudite et dans tous les pays du Golfe à cette époque. Avec la bénédiction des autorités saoudiennes, il entreprend d’organiser le soutien logistique aux moudjahidines afghans. Il sillonne la péninsule arabique pour y lever des fonds et s’installe à Peshawar, base arrière au Pakistan de la guérilla antisoviétique, où il rencontre celui qui deviendra son mentor, le palestinien Abdullah Azzam, l’un des principaux organisateurs de la résistance antisoviétique.

Les volontaires, arabes pour la plupart, affluent. Ben Laden les accueille, les encadre, et élabore pour cela une base de données qui se transformera au fil des ans en une organisation, Al-Qaïda (“la base”). Il lutte contre les Soviétiques (bien que très rarement les armes à la main) avec l’aide indirecte de la CIA, qui fait transiter ses subsides par l’intermédiaire des services secrets pakistanais.

Rentré en héros au pays en 1989, ben Laden en est exilé trois ans plus tard

Après la déroute russe, en 1989, il rentre en héros dans son pays, où il multiplie les conférences, dans les mosquées et les écoles, sur les succès du djihad. Après l’attaque du Koweït par l’armée irakienne, il propose au roi Fahd de bouter l’envahisseur hors de la péninsule avec l’aide de sa “légion islamique” d’anciens de l’Afghanistan. Le souverain saoudien refuse : Oussama Ben Laden s’estime trahi, estimant que le sol sacré de son pays est souillé par la présence de milliers de soldats américains.

En 1992, Ryad, inquiet de ses critiques et de son soutien à l’opposition, lui retire son passeport. Il s’installe au Soudan, avec la bénédiction des autorités de Khartoum. Les renseignements américains le soupçonnent de financer des camps d’entraînement terroristes. Sa nationalité saoudienne lui est retirée en 1994, après la publication de “fatwas” dénonçant les Etats-Unis et la famille royale saoudienne.

En 1996, le Soudan, soumis à des pressions internationales, lui demande de partir. Il refait surface avec hommes, armes et bagages en Afghanistan, d’où il lance de nouveaux appels anti-américains, de plus en plus radicaux, juste avant la prise du pouvoir à Kaboul par les talibans.

Ben Laden y met en place des camps d’entraînement terroristes qui attirent des milliers d’hommes venus du monde musulman et planifie une série d’attaques meurtrières qui l’élèvent au rang d’ennemi public n° 1 aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis offrent jusqu’à 50 millions de dollars pour tout renseignement permettant la capture de ben Laden

Ses attentats les plus spectaculaires, avant ceux du 11 septembre 2001, ont lieu en août 1998, lorsque des véhicules piégés frappent simultanément les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya (224 morts).

Après les attaques du 11 septembre, les Etats-Unis lancent une vaste traque pour retrouver le chef d’Al-Qaïda. Ils offrent 25 millions de dollars, plus tard 50 millions, pour toute information permettant sa capture.

Ben Laden, qui échappe fin 2001 à l’intervention des troupes américaines en Afghanistan, est localisé pour la dernière fois par des témoins en novembre 2001 à Kandahar, dans le sud afghan. Les services de renseignements régionaux ou occidentaux ont longtemps estimé qu’il se cachait dans la zone bordant la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan. Mais les spécialistes confessaient en privé qu’ils n’avaient aucune piste sérieuse.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content