Banque mondiale : mieux vaut un inconnu US…

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… Qu’une ministre nigériane au poste de président(e) de l’institution-soeur du FMI, si l’on en croit les pronostics pour la nomination qui devrait être révélée lundi. Car le grand favori, l’Américain Jim Yong Kim, est peu connu… y compris dans son propre pays.

La Banque mondiale réunit lundi à Washington son conseil d’administration pour désigner le nouveau président de l’institution d’aide au développement, avec l’Américain Jim Yong Kim comme grand favori. A 52 ans, ce médecin, anthropologue et président de l’université de Dartmouth dans le New Hampshire, affronte la ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala, 59 ans.

L’annonce du nom du successeur de l’Américain Robert Zoellick, dont le mandat de cinq ans s’achève le 30 juin, est attendue à la mi-journée. Les 25 membres du conseil d’administration représentent des pays ou groupes de pays. Ils doivent décider par “consensus”, et en principe ne pas voter.

Banque mondiale, un monopole américain… grâce aux Européens

Les jeux, cependant, apparaissaient pratiquement faits bien avant la réunion. Jim Yong Kim peut en effet compter sur le soutien des administrateurs américain, japonais, canadien et russe, et très probablement européens. En additionnant leurs voix, sa majorité est très confortable.

C’est grâce à un arrangement tacite avec les Européens que le poste est monopolisé depuis 1946 par des Américains. En échange, les Européens ont monopolisé de la même manière la direction de l’institution-soeur, le Fonds monétaire international.

Ngozi Okonjo-Iweala, qui a porté jusqu’au bout la première candidature non américaine à la présidence de la Banque mondiale, a tenté de remettre cette tradition en cause. Pour elle, Américains et Européens “ont la responsabilité de ne pas perpétuer un système qui est dépassé de 60 ans”. Elle a rapporté qu’au moment de passer son “grand oral” devant les administrateurs, elle leur avait demandé “de ne pas soutenir Okonjo-Iweala, mais de soutenir une procédure fondée sur le mérite”.

La Nigériane est populaire auprès des fonctionnaires de la Banque, où elle a fait une carrière de 25 ans, entrecoupée de fonctions ministérielles dans son pays. Mais son passeport devrait lui interdire d’aller plus haut que le poste de directrice générale qu’elle a occupé de 2007 à 2011.

Jim Yong Kim : un inconnu à la tête de la Banque mondiale ?

Jim Yong Kim était peu connu, y compris dans son propre pays, avant d’être sélectionné par le président Barack Obama. Ce praticien de la santé publique suscite l’enthousiasme des militants des droits des malades, mais devra surmonter le scepticisme d’une bonne partie de la corporation des économistes, qui lui reproche une certaine inexpérience financière et diplomatique.

Les organisations non gouvernementales ont pour leur part réservé leur jugement.

“Le mérite bafoué” pour la présidence de la Banque mondiale, selon la candidate nigériane

Ngozi Okonjo-Iweala a estimé lundi que son adversaire américain l’emporterait, jugeant que l’attribution de ce poste, qui doit être annoncée dans la journée, n’était pas basée sur le mérite : “Vous savez, ce choix n’est pas vraiment basé sur le mérite. C’est un vote en fonction de poids politique (…) et pour cette raison, les Etats-Unis vont l’emporter”, a déclaré à Abuja l’actuelle ministre des Finances du Nigeria et ancienne directrice générale (numéro deux) de la Banque mondiale.

“Je sais que vous priez tous pour qu’un miracle se produise, a-t-elle continué. Nous croyons tous en Dieu tout puissant mais Dieu nous a aussi dotés de bon sens, pour savoir qu’ils (Ndlr, les Américains) vont peser de tout leur poids pour l’obtenir. Mais ne vous en faites pas (…) nous avons gagné. Nous avons déjà crié victoire (…) car nous avons changé le processus. Cela ne sera plus jamais pareil. Nous avons remporté une grande victoire.”

Trends.be, avec Belga

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