Alan Greenspan, ou l’art de “regretter” sans rien renier

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Alan Greenspan semble donner des premiers signes de contrition dans un document de 66 pages intitulé “The Crisis”. Serait-il subitement devenu un partisan d’une régulation accrue, après avoir si longtemps affirmé que le marché est un meilleur régulateur que l’Etat ? Pas tout à fait…

A 84 ans, Alan Greenspan affiche plus de six décennies de scepticisme envers les pouvoirs régulatoires de l’Etat. Serait-il en train de changer d’avis ? Dans un document de 66 pages intitulé The Crisis, l’ex-président de la Réserve fédérale semble en effet plaider – du bout des lèvres – pour davantage de régulation dans plusieurs secteurs de la finance. Et admettre – d’un bout encore plus extrême des lèvres – avoir eu une part de responsabilité dans la crise mondiale.

Une part assez réduite, cependant. Ainsi que le souligne le Financial Times sur son blog FT Alphaville, le mot “regrettably” apparaît à quatre reprises dans ces 66 pages. Cela peut paraître dérisoire ; c’est sans doute considérable pour un homme qui n’a jamais reconnu la moindre faute commise.

Il écrit ainsi : “La Federal Reserve s’est, durant des années, inquiétée de la taille croissante de nos institutions financières. Elle s’est avérée incapable de déceler des économies d’échelle dans le secteur bancaire au-delà d’une institution de taille moyenne. Voici une décennie, relevant cet élément, j’ai noté que les méga-banques qui se sont développées par croissance et consolidation représentent des entités de plus en plus complexes, qui créent les conditions de risques systémiques inhabituellement élevés pour l’économie nationale et internationale en cas d’écroulement. Il est regrettable que nous n’ayons guère fait face à ce problème.”

Autre exemple de mea culpa sous-jacent : “Au sein de la Réserve fédérale, nous étions au courant dès 2000 de problèmes liés à des pratiques hautement irrégulières en matière de garantie d’hypothèques subprime. Il est toutefois regrettable que nous les ayons considérés comme un problème très localisé, pour lequel une surveillance prudentielle standard suffisait, et non comme le précurseur d’une bulle subprime prête à gonfler plusieurs années plus tard.”

Alan Greenspan serait-il subitement devenu un partisan d’une régulation accrue, après avoir si longtemps affirmé que le marché est un meilleur régulateur que l’Etat ? Certes… mais en partie seulement. Car le mea culpa a ses limites, puisqu’il réaffirme par ailleurs que la politique de taux d’intérêt bas, pratiquée par la Fed, n’avait joué aucun rôle dans la bulle immobilière et la prise de risque excessive qui y fut liée.

V.D.

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