À quoi ressemble le réseau d’Olivier de Wasseige: président de l’Union wallonne des entreprises ?

© Julien Leroyn (Belga Image)

C’est l’histoire de l’informaticien qui n’aimait pas vraiment l’informatique. Mais adorait anticiper tout ce qu’elle pouvait apporter à la vie des entreprises.

“Le codage, la programmation, ça m’ennuie.” L’aveu émane d’un licencié en informatique, qui a bossé chez IBM et lancé l’une des premières agences web du pays. ” En fait, je ne me sens pas dans la peau d’un informaticien, résume Olivier de Wasseige, administrateur-délégué de l’Union wallonne des entreprises. Ce qui m’a toujours passionné, et qui continue à le faire, c’est d’essayer de comprendre comment l’informatique puis Internet pouvaient améliorer les processus et les performances commerciales des entreprises. ” Plus de 30 ans après sa sortie de l’université, cette question de l’impact de la digitalisation de l’économie est plus cruciale que jamais. Avoir dans le poste de commandement un homme qui y a consacré sa vie professionnelle est certainement un atout pour les entreprises wallonnes.

Rien ne prédestinait Olivier de Wasseige à un tel parcours. En secondaire, il avait opté pour les gréco-latines (comme quoi, avec une tête bien faite, on peut beaucoup apprendre par la suite…) et rêvait plus de journalisme que d’ordinateurs. Mais c’est bien l’informatique qu’il a étudiée à l’université de Namur. De cette époque estudiantine, il a conservé des contacts avec Jean Marbehant (vice-président de Lhoist), Eric Mesdagh, Dominique Offergeld (Ores), Fabienne Bister ou Jean-Luc Heymans (Materne). ” J’ai peu d’amis proches dans le monde de l’informatique, constate-t-il, mais bien davantage dans les mondes de l’entreprise et de l’automobile, mes deux passions. ”

À quoi ressemble le réseau d'Olivier de Wasseige: président de l'Union wallonne des entreprises ?
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Il quitte IBM pour créer sa propre boîte

C’est pourtant bien dans l’informatique que commence sa carrière professionnelle. Dans des sociétés de consultance informatique d’abord et ensuite chez IBM, qui avait ouvert une antenne wallonne pour le développement du réseau Win. ” J’y suis resté trois, quatre ans avant de faire ce qui me démangeait : créer ma propre boîte, DéfinITion, qui deviendra plus tard Défimédia, raconte-t-il. Quitter volontairement un groupe comme IBM ? On m’a vraiment pris pour un fou. ”

On retrouve ici toutes les facettes d’Olivier de Wasseige : la technologie, l’entrepreneuriat et le sens des relations. ” En 1999, il n’y avait pas d’incubateur de start-up ou de coach, nous étions seuls pour développer notre agence web, se souvient-il. Dans ces moments-là, c’est bien d’avoir des copains à qui on peut toujours téléphoner. Nous n’avions pas de commerciaux : tous nos clients sont venus par le networking. Entretenir son réseau, c’est une toujours une force pour un entrepreneur. ”

Entretenir son réseau, c’est toujours une force pour un entrepreneur.

Détail qui ne doit rien au hasard : dès 2001, alors que sa PME n’avait pas encore deux pleines années d’existence, Olivier de Wasseige est devenu administrateur de l’Union wallonne des entreprises. ” Je représentais alors certainement la plus petite boîte “, sourit-il. Il fut aussi rapidement choisi comme membre du comité PME de la Fédération des entreprises de Belgique. Le milieu patronal ” institutionnel “, il le connaît donc parfaitement. Comme il connaît aussi très bien ce patronat moins classique des spin-off, start-up et autres. Olivier de Wasseige a en effet officié auprès d’eux comme financier (à travers le fonds d’investissement Internet Attitude, lancé en 2010), comme coach au Venture Lab liégeois et conférencier sur ” l’Internet en entreprise ” un peu partout en Wallonie et à Bruxelles. Il adore se connecter avec les générations montantes, sentir leurs aspirations différentes, par exemple pour une organisation du travail plus collaborative avec moins de hiérarchie. L’un des défis de son mandat à la tête de l’UWE sera d’intégrer ces nouvelles générations d’entrepreneurs dans les instances patronales.

La politique du Sud-Namurois

Quand on l’entend parler de ses conférences avec un tel enthousiasme, on en vient à se demander pourquoi Olivier de Wasseige n’a pas choisi la voie de l’enseignement (il donne quelques heures à l’UCL et dans des hautes écoles). Il aime tant transmettre son expérience, que ce soit devant des collègues entrepreneurs, des étudiants ou des demandeurs d’emploi.

” La confrontation d’idées qui naît des questions posées par les participants remet constamment en question le contenu des cours et des conférences, écrit-il dans le livre E-Commerce, e-Marketing, eBay : 3 Leviers de croissance pour les entreprises. Je suis en formation continue dès que je parle devant un public, quel qu’il soit. ”

Au fil de ces lignes, nous avons pointé les différents fils du réseau d’Olivier de Wasseige. Mais aucun ne mène vers le monde politique. ” Je côtoie bien entendu les dirigeants politiques de tous bords, et plus encore ajourd’hui avec mes nouvelles fonctions, dit-il. Mais, non, on ne peut pas parler d’un réseau politique, de gens que je vois très souvent. “

Les exceptions proviennent de vieilles connexions du Sud-Namurois, comme le ministre-président Willy Borsus (MR) qu’il connaît de très longue date ou le ministre de l’Agriculture René Collin (cdH), qu’il a côtoyé en secondaire à Marche et avec lequel il a, des années plus tard, développé le site web de la province de Luxembourg. Les deux hommes s’affronteront en octobre aux élections communales à Marche-en-Famenne. Mais Olivier de Wasseige ne devra pas choisir : depuis 25 ans, il vit à Liège.

Son réseau digital

Un homme qui fait carrière dans l’Internet ne peut évidemment ignorer l’importance des réseaux sociaux. Olivier de Wasseige les utilise quasi-exclusivement comme des outils professionnels, il faut vraiment le scruter de près pour apercevoir des photos de vacances ou de courses automobiles sur l’une de ses pages personnelles. ” Les réseaux sociaux sont des outils d’influence et une chambre d’écho, dit-il. Les gens réagissent, c’est un bon moyen de tester des idées et de faire passer des messages. Je conseille vraiment aux patrons wallons de les utiliser de manière stratégique. ” Olivier de Wasseige gère lui-même ses comptes LinkedIn, Facebook et Twitter. Il est un peu moins actif sur ce dernier réseau.

Adepte du bar à vins

Sa cantine préférée n’est pas un restaurant étoilé mais plutôt un ” bar à vins naturels et petits plats ” : Tarzan, près de la place du Châtelain à Bruxelles. Olivier de Wasseige cite aussi Le Thème à Liège (un endroit dont la déco est régulièrement repensée selon un thème, actuellement il s’agit de ” 1922, glamour et contrebande en toute clandestinité” et Les sens du goût à Namur. Le patron de l’UWE adore fréquenter les bons restaurants. S’il tient la ligne, c’est grâce à une bonne pratique sportive : tennis avec les copains, de la marche à pied en famille et du vélo.

La passion des bolides

Au milieu des voitures de course, comme ici au Club des V à Forest, Olivier de Wasseige est dans son élément. ” J’adore l’ambiance de ce milieu, même si c’est nettement plus aseptisé que dans les années 1980 quand je suivais Eric ( van de Poele, Ndlr), dit-il. Les pilotes, ce sont des artistes. C’est dingue, ce qu’ils réalisent. Pour arriver à la F1, il faut vraiment se fixer un objectif et tout faire pour y parvenir. Comme un entrepreneur, en fait. Comme Eric qui rêvait de F1 à l’adolescence et à qui je disais ‘Tais-toi’. Il y est arrivé pourtant ! ”

Olivier de Wasseige possède une collection de près de 500 miniatures de voitures de course. On y trouve des exemplaires de la plupart des voitures pilotées par Eric van de Poele (une soixantaine) dans les différentes catégories. Certaines de ces miniatures sont réalisées sur mesure – jusque dans le détail des logos des sponsors – par un ancien ouvrier de chez Cockerill, qui désormais vit de son talent pour la miniaturisation. Le patron de l’UWE a donc, en quelque sorte, contribué au lancement d’un auto-entrepreneur.

Stéphan Pirlot, patron de BMI-Group, est son compagnon de tennis, de bridge et de voyages depuis une vingtaine d’années

Stéphan Pirlot
Stéphan Pirlot© Julien Leroyn (Belga Image)

” Quand j’ai racheté mon entreprise de découpe et de sous-traitance mécanique à Arcelor-Mittal, j’ai évidemment sollicité Olivier. Il a bien compris mon projet et m’a aidé à le concrétiser. On se rencontre plusieurs fois par an pour du tennis, une partie de bridge ou tout simplement refaire le monde. Il me fait part de ses difficultés, de ses projets et je lui explique, à mon échelle, les problèmes rencontrés par mon groupe. Je lui donne mon avis et il en fait ce qu’il veut. Parfois, je vois ainsi des idées ressortir lors d’une conférence ou d’une interview. Ça fait toujours plaisir. Et cela montre que c’est un homme vraiment à l’écoute.

Même si Olivier est encore plus occupé qu’avant, nos liens se sont renforcés depuis sa nomination à la tête de l’UWE. Il est bien conscient que l’ensemble des petites entreprises représente un poids important sur l’économie wallonne. Il est lui-même entrepreneur, ça lui donne une vraie crédibilité. Je pense que c’est la bonne personne à la bonne place. Il dit toujours ce qu’il pense, sans arrière-pensée politique et souvent avec une pointe d’humour. “

Eric van de Poele
Eric van de Poele© Julien Leroyn (Belga Image)

Eric van de Poele, ancien pilote de F1 et qui a fait ses premières courses avec Olivier de Wasseige

” Je connais Olivier depuis nos 15 ans. Nous avons fait nos premières courses automobiles ensemble. Je me souviens que nous avions fait le tour de la famille et des commerces du coin pour financer cela. Nous avons fait les 24H de Zolder ensemble, en nous relayant. Il m’a toujours soutenu dans ma carrière de pilote et m’a encouragé sur des Grands Prix à travers le monde. Quand j’ai lancé ma start-up il y a deux ans, ses conseils m’ont à nouveau beaucoup aidé.

Olivier est quelqu’un de très fidèle. Avec les amis de jeunesse de la région de Namur, nous nous voyons encore régulièrement, par exemple à l’occasion des mariages de nos enfants. Olivier est en outre le parrain de mon fils aîné.

C’est quelqu’un de très enthousiaste : quand il décide de faire quelque chose, il s’implique à fond. Parfois trop peut-être : je lui dis souvent qu’il travaille trop, qu’il doit trouver un équilibre avec le reste. Mais rien à faire, il est à fond dans ses objectifs. Que ce soit autrefois dans le sport, dans le business ou dans ses autres activités, pour réussir, il faut croire en soi et tout mettre en oeuvre pour y arriver malgré les inévitables embûches. Je suis sincèrement admiratif de ce qu’il a accompli pour le monde du business en Wallonie. “

Benoît Coppée, directeur général d’investsud, croise Olivier de Wasseige depuis 20 ans dans le petit monde des PME wallonnes

Benoît Coppée
Benoît Coppée© Julien Leroyn (Belga Image)

” Il avance tout en douceur mais il assume ses convictions et, surtout, il arrive à les partager. Cette force de conviction m’a toujours impressionné. Olivier sait où il va et il y va vite. C’est incroyable le nombre de choses qu’il a mises en place en cinq mois à l’UWE. A croire que le mouvement est quelque chose d’imprégné en lui. La Wallonie a besoin de ce sens du mouvement, quitte à ce qu’il y ait des échecs çà et là. La peur d’essayer est vraiment l’une des faiblesses récurrentes de la Wallonie. Avec son tempérament, Olivier va contribuer à forger une image décidée, volontariste de notre région. En outre, avec son passé d’entrepreneur dans l’Internet et de coach au Venture lab, il peut entraîner dans son mouvement ce monde des jeunes entrepreneurs, qui évolue très bien.

Il a de l’ambition pour la Wallonie, il veut de l’excellence. Mais à certains moments, j’ai envie de lui dire : ‘Mollo, tu as 10 ans pour accomplir le vrai changement en Wallonie’. De temps en temps, il faut pouvoir recharger ses batteries, lever le pied et respirer dans les forêts. Je sais qu’il le fait volontiers avec sa famille. Les de Wasseige, ce n’est pas un clan mais une équipe ! Ils sont tous très liés et se ressourcent mutuellement “.

Bernard Surlemont professeur à HEC-Liège et président du Venture Lab, dont Olivier de Wasseige fut l’un des coachs

À quoi ressemble le réseau d'Olivier de Wasseige: président de l'Union wallonne des entreprises ?
© Julien Leroyn (Belga Image)

” J’ai pu constater au Venture Lab combien Olivier est un infatigable travailleur. Il est vraiment passionné par l’entrepreneuriat et tout ce qui touche à la digitalisation de l’économie. Mais ce que je pointerais chez lui, c’est son intégrité : ses idées, ses convictions priment vraiment sur tout le reste.

Il a un tempérament fédérateur et je pense que la fonction d’administrateur-délégué de l’Union wallonne des entreprises lui convient parfaitement. A la fois parce qu’il est lui-même entrepreneur et qu’il sait donc très bien de quoi il parle. Et parce que ce job de porte-parole des entreprises wallonnes correspond à une aspiration profonde chez lui. Il veut sincèrement contribuer à stimuler l’entrepreneuriat en Wallonie. Nous en discutions très régulièrement quand il était au Venture Lab. Un peu moins aujourd’hui même si nous échangeons toujours volontiers par mail ou par téléphone. Il voulait ce job, il va l’assurer avec passion. “

Jean-François Heris, CEO d’AGC, l’a accompagné dans les instances de l’Union wallonne

Jean-François Heris
Jean-François Heris© Julien Leroyn (Belga Image)

” Nous nous connaissons depuis une dizaine d’années via l’Union wallonne. Au fil du temps, nous avons construit une belle amitié à partir d’une relation professionnelle. Nos familles se voient régulièrement et nous parlons de bien d’autres choses que du boulot !

Olivier est très actif dans différentes sphères : entrepreneur, investisseur, coach, enseignant… Il a même écrit un roman policier ( Codes Condorcet). Cela traduit bien le personnage, un homme toujours très ouvert sur la société dans son ensemble. C’est un homme qui s’appuie sur de belles valeurs. Il est fidèle, positif, travailleur. Trop peut-être parfois. Je lui dis souvent : ‘Fais attention à toi ‘. Certes, il y a urgence en Wallonie, mais nous courrons un marathon, pas un sprint. Quand on est, comme lui, bosseur et perfectionniste, c’est difficile de ralentir. “

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