Voir la seringue à moitié pleine

Amid Faljaoui

En ce moment, l’ambiance est à la panique. A cause du variant britannique qui serait non seulement plus contagieux mais aussi plus mortel. Ensuite, se pose la question du rythme de la vaccination, compte tenu de l’annonce de la firme pharmaceutique AstraZeneca qui ne pourrait pas livrer les 80 millions de doses promises d’ici la fin mars à l’Europe mais seulement 31 millions. Juste avant elle, les labos Pfizer et BioNTech avaient aussi revu à la baisse leurs livraisons de doses de vaccin.

Au final, ce que l’on constate, c’est qu’aucun pays de la zone euro n’a vacciné aujourd’hui plus de 2% de sa population. Triste constat. Surtout en comparaison avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ou Israël, où le taux de vaccination est un multiple de 2. La course contre la montre s’avère primordiale car les pays qui vaccineront le plus vite seront aussi ceux qui retrouveront la croissance le plus rapidement. Traduction: chaque mois de perdu, c’est de la croissance en moins, des faillites supplémentaires et des jobs perdus.

Comme le fait remarquer Frank Vrancken, l’économiste de la banque privée Puilaetco, le retard de la campagne de vaccination n’est pas seulement un souci pour l’économie: il peut aussi conduire à un malaise social profond. La jeunesse devra attendre encore plus longtemps avant de retrouver une vie normale. Inutile de préciser que cela génère davantage de frustration car nos jeunes paient le prix fort de cette pandémie: cursus scolaire perturbé, diplômes au rabais, entrée retardée sur le marché du travail, etc.

Voilà pour l’ambiance actuelle de ” paniquisme ” comme l’appelle Marc Fiorentino, ambiance alimentée par les réseaux asociaux et certains médias accros à l’économie des ” clics “. Pour sa part, en bon commentateur financier, Marc Fiorentino préfère voir la ” seringue à moitié pleine “, pour reprendre sa jolie expression. D’abord parce que si la vaccination a pris du retard, c’est pour des raisons techniques momentanées. Elle s’accélérera rapidement ensuite. D’ailleurs trois autres nouveaux vaccins sont en passe d’être disponibles. Cette excellente nouvelle n’est pas assez soulignée par certains médias en mal de discours apocalyptiques. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, Moderna a confirmé que son vaccin est efficace contre les variants britannique et sud-africain.

Notre ” libération ” n’est plus trop lointaine, sans doute vers la mi-mars en Belgique, lorsque les personnes plus âgées seront quasi toutes vaccinées.

Donc, plus que quelques semaines à tenir, en gardant à l’esprit la phrase d’Emmanuel Macron à l’égard de ses 66 millions de compatriotes, transformés le temps d’une épidémie en 66 millions de procureurs: oui, ” la vaccination, ça prend plus de temps qu’un tweet “. Notre ” libération ” n’est plus trop lointaine, sans doute vers la mi-mars en Belgique, lorsque les personnes plus âgées seront quasi toutes vaccinées, vu que la très grande majorité des décès en hôpital affecte les plus de 65 ans. Il est probable que les ouvertures et/ou assouplissements tant attendus par plusieurs secteurs économiques auront lieu au printemps.

En résumé, voir la seringue à moitié pleine est une bonne manière d’éviter que la troisième vague soit surtout une vague de ” paniquisme “, pour reprendre ce néologisme. D’ailleurs, selon les calculs des économistes, la reprise économique devrait avoir lieu au second semestre 2021, et comme les Belges ont mis de côté 15 à 20 milliards d’euros sous forme d’épargne, la reprise de la consommation sera violente fin 2021 et même début 2022. Dans leur infinie sagesse, les lecteurs de Trends-Tendances le savent bien, à quoi sert-il de paniquer, préparons-nous plutôt à cette reprise. Et n’oublions pas la parabole des talents: qu’avons-nous fait de ce temps confiné ou semi-confiné?

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