Vies croisées

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La Parisienne Catherine Cusset recherche “La Définition du Bonheur”à travers un double portrait de femmes, délicat roman au parfum doux amer.

Eve et Clarisse. Clarisse et Eve. Deux femmes qui ne se connaissent pas. Si différentes et pourtant si proches. Ce qui les relie, Catherine Cusset ne nous le révélera qu’à la toute fin de son nouveau roman. Ce que l’on sait, dès les premières lignes, c’est que Clarisse est décédée et qu’après ses funérailles, la narratrice reçoit une clé USB qui raconte toute l’histoire. La romancière déroule son récit sur plus de 30 ans, de l’adolescence de ses deux héroïnes à leur cinquantaine. Deux événements vont lui servir de point de départ: le viol de Clarisse alors qu’elle n’a que 16 ans, et la rencontre entre Eve et un sans-abri à qui elle va offrir un toit pour la nuit, contre l’avis de ses parents. A partir de là, rien de très aventureux: les rencontres amoureuses, les voyages, les boulots, les enfants… Les deux femmes vont expérimenter tout ce qui construit une vie. Pour Catherine Cusset, la chronique de leurs existences en parallèle semble n’être qu’un prétexte pour interroger le destin mais surtout poser cette question essentielle: à quoi ressemble le bonheur? Il est admis que cette notion vague et qui diffère selon les individus, leurs classes sociales, les pays dans lesquels ils vivent, “se reconnaît au bruit qu’il fait lorsqu’il s’en va”, comme l’écrivait Jacques Prévert. Rares sont les moments où les héroïnes de ce roman reconnaissent le bonheur au moment où elle le rencontrent. Pourquoi l’une d’elle rêve-t-elle à une autre histoire d’amour alors qu’elle est pleinement heureuse en couple? Pourquoi, quand tout se met en place pour vivre un grand bonheur, la vie en décide-t-elle autrement? Peu à peu, l’évidence affleure que personne n’est responsable de son destin, et que nous sommes tous constitués de l’histoire des êtres qui nous ont précédés. Eve et Clarisse en feront l’expérience dans la dernière partie de ce roman délicat, au parfum doux amer.

Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 352 pages, 20 euros.

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