Variations sur icônes

Pierre et Gilles, La madone au coeur blessé (lio), 1991. © PG / COLLECTION PINAULT

A la Villa Empain, une vingtaine d’artistes contemporains ou non mettent leur travail en résonance, y compris avec une série d’icônes anciennes…

L’entrée à la Fondation Boghossian, qu’abrite la Villa Empain à Ixelles, met d’emblée le visiteur au coeur du sujet: une alcôve de bois plongée dans la pénombre d’où ressort un tableau présentant Lio en “madone au coeur blessé”. Tout en couleurs chaudes, la chanteuse-actrice est parée comme une idole sainte. Une icône. Ce travail signé Pierre & Gilles est dans la droite ligne du duo français, détournant des “vedettes” comme des inconnus dans des projections esthétiques sublimant le glamour. Plus loin, dos à l’ample vitre donnant sur l’extérieur, se dresse un laveur de vitres noir. La chemise dévoilant un certain embonpoint, la raclette prête à l’action, ce window washer troublant de réalisme est une statue signée de l’Américain Duane Hanson. “Par la seule force de sa présence inattendue et monumentale, (elle) acquiert une impressionnante dignité et devient figure iconique”, explique le commissaire de l’exposition Icons, Henri Loyrette, conservateur et historien d’art français ayant notamment dirigé le musée d’Orsay. Tel est en effet le principe qui sous-tend cette expo: des variations polymorphes sur le thème de l’icône, donnant généralement à voyager dans les genres et les époques. Le visiteur peut ainsi d’abord remonter à la source, admirant une série de ces pièces religieuses vieilles de plusieurs siècles, typiques de l’art et de l’Orient chrétiens, destinées à susciter la vénération des croyants. Puis constater comment les artistes contemporains en reprennent certains codes avec d’autres intentions. Lorsque le peintre franco-chinois Yan Pei-Ming exécute le portrait de Deng Xioping, veut-il en effet dénoncer le culte de la personnalité ou souligner l’importance historique du leader communiste? Que ce soit chez lui, chez Warhol, Delvoye, Rouault, Sarkis et la quinzaine d’autres artistes exposés, l’ambiguïté de la lecture offerte questionne aussi la dévotion que l’on porte – ou non – aux oeuvres d’art.

Jusqu’au 24 octobre, www.boghossianfoundation.be

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