Un wallon séduit la flandre

© H. H.

Nichée au coeur du petit village flamand de Zwevegem, non loin de Tournai, L’Envie ne paie pas de mine au premier abord. En passant dans la rue, on remarque à peine ce restaurant ouvert en octobre 2015. Passé la porte, on se retrouve pourtant dans un cocon élégant à la déco moderne…

Qui a eu cette ” Envie ” ? Un couple de jeunes trentenaires : David Grosdent, originaire d’Eupen, et sa compagne Inès Vankeirsbilck, de la région de Zwevegem ; lui au salé, elle au sucré. Le duo s’est rencontré dans les cuisines du Château du Mylord des frères Thomaes et s’est reformé au Sea Grill d’Yves Mattagne (dont David a été sous-chef durant un an), avant d’inaugurer leur resto. Pour le plus grand plaisir des gourmets de la grande région Lille-Courtrai-Tournai.

Ce qui séduit d’emblée dans la cuisine de L’Envie, développée à travers des menus quatre-six-sept services (60-70-80 euros + 28-32-40 euros pour les vins), c’est son refus de rentrer dans les codes de la ” jeune cuisine flamande “, souvent très stéréotypée. David Grosdent assume en effet pleinement ses origines wallonnes, dans la recherche de gourmandise mais aussi dans les produits qu’il travaille. On retrouve ainsi les petits gris de Namur dans une jolie raviole posée sur une crème de fromage de chèvre. Tandis que le jeune chef magnifie le veau de chez Lothar Vilz près de Bullange, dans sa région d’origine. Une viande d’une tendreté exceptionnelle, servie rosée, juste saisie à la plancha, avec des légumes de saison, un aligot à la tomme de Savoie et un excellent jus de viande. Et puisque le chef reçoit des demi-bêtes, il poursuit sa réflexion en travaillant la moelle et le foie de veau dans des garnitures savoureuses qui amènent complexité et longueur en bouche !

Privilégiant les produits locaux, David Grosdent choisit des poissons de la mer du Nord – de la raie et du turbot ce midi-là, à la cuisson rosée à l’arête ou nacrée, c’est un parti pris du chef. Tandis que les Saint-Jacques viennent de Dieppe. Servies crues en tartare et en carpaccio, elles font merveille dans une entrée pleine de fraîcheur, où l’on croise de la racine de capucine lacto-fermentée et du citron main de Bouddha râpé, pour le peps. De son côté, la souriante Inès Vankeirsbilck est aussi efficace en salle que pour concevoir des desserts ultra-légers, qui font tantôt appel à un excellent chocolat Equateur 80 % travaillé en mousse aérienne, tantôt à une belle poire pochée. Quel joli couple que voilà et quelle merveilleuse adresse !

HUBERT HEYRENDT

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