Pascal Juery (Agfa-Gevaert): “la Belgique, ce n’est pas du tout comme la France”
Ce que Pascal Juery, le CEO d’Agfa-Gevaert, apprécie en Belgique? La culture du consensus, du compromis et de la concertation sociale.
Pascal Juery est arrivé en Belgique en 2013, suite au rachat de Rhodia par Solvay, après avoir vécu en Asie et aux Etats-Unis. “Ma famille et moi nous plaisons énormément ici. Il y a deux ans, j’ai fait le choix de rester en Belgique pour diriger Agfa Gevaert. C’est un nom prestigieux et j’en suis très fier.”
Mais comme le CEO aime à le rappeler, la Belgique, ce n’est pas du tout comme la France… “La culture est très différente. C’est un pays où l’on se prend moins au sérieux, le Belge est plus pragmatique et plus simple. Cela me plaît, moi qui ai été élevé à la culture américaine. J’apprécie la qualité de la relation humaine. Certes ‘mijn nederland is niet goed’, mais je le comprends et on me pardonne. La langue de travail au siège de Mortsel est l’anglais: Agfa est une multinationale présente dans 55 pays.”
Ce que le CEO apprécie en Belgique? La culture du consensus, du compromis et de la concertation sociale. “Malgré les difficultés, on trouve des solutions, alors que la France est davantage une culture d’antagonismes et d’affrontements. C’est un petit pays où il est aussi plus facile d’avoir accès aux décideurs, davantage qu’en France. Je suis en phase avec les valeurs du pays qui est à la fois avancé socialement mais aussi beaucoup plus libéral que la France sur des sujets comme la fin de vie.”
Certes, le tableau n’est évidemment pas parfait. “C’est sûr que j’aimerais un réseau de transport public plus développé, un système moins complexe parce que cela empêche le pays d’atteindre son plein potentiel, avoue Pascal Juery. Mais malgré ça, la Belgique avance. C’est un pays ouvert sur l’Europe et sur le monde.”
Pas un Français Thalys…
Le CEO garde évidemment un lien avec la France. Mais comme il le précise, il n’est pas un “Français Thalys”… “Je passe mes week-end en Belgique. La France a parfois du mal à exprimer tout son potentiel. J’aime toutefois cette volonté française actuelle de participer à un leadership européen. On voit avec la guerre en Ukraine que l’Europe s’est construite pour la paix et la prospérité. Le président Macron joue son rôle. Pour le reste, je suis interpellé par le fait qu’il y a une extrême droite et une extrême gauche assez fortes en France. Je ne vote pas aux extrêmes, ils me font très peur, je trouve qu’on a la mémoire courte. Il faut se placer dans une perspective un peu plus élevée. Je suis un Européen convaincu.”
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