Trente ans d’exotisme

Ni laque ni dorure, le décor interprète l’épuré et le tamisé. Autour de colonnades, les murs s’inclinent et le long comptoir s’incurve dans un design étudié.

Dans ce cadre peaufiné, où les meubles viennent du Vietnam, on s’initie à une cuisine précise dans ses goûts et nette dans ses apprêts. Débarqué chez nous en 1971, Tam Nguyen, entreprend des études de Sciences Po à l’ULB. A la chute de Saïgon, il travaille dans la restauration à Paris puis à Bruxelles. En 1988, il crée ce Gallery entre la Porte Louise et le Palais de Justice. Tâche qu’il partage avec son cordon bleu d’épouse, Lanh Pham Thi.

La cuisine interpelle. Les accents du répertoire vietnamien s’enrobent des sortilèges épicés de la Thaïlande. Goûtez avec les doigts le rouleau de printemps en pâte de riz fraîche, emmaillotant scampi, porc et vermicelles. La version automne préfère une farce de canard laqué, roquette et asperge. On progresse avec des nems végétariens bien craquants. On admire les fritures légères et croustillantes des remarquables scampis aux sésames. Changement de tempo avec une revigorante et aromatique soupe Tom Kha Kai au poulet, lait de coco, champignons et basilic. Savoureux avec du piquant.

La brochette de boeuf en feuille de lôp développe ses caractères sur fond d’aigre-doux. Graines de sésame et cacahuètes émiettées génèrent un agréable croquant.En suggestion, on applaudit le magret de canard grillé, parsemé d’une julienne de gingembre, avec une sauce au miel. Le relief s’accentue avec le canard au curry rouge, flanqué de raisins, poivron rouge, ananas dans un excellent jus et sous les effluves de basilic thaï. Variation sur l’indémodable dame blanche, la dame jaune sollicite glace et caramel au gingembre et chantilly. Redoutable pour les vins, la cuisine asiatique accepte avec les entrées un gewurztraminer non pommadé, voire un pinot gris tel celui de Kientzler. Pour le reste, une bière ! Lunch à 15 euros (deux services).