Retour de service

” Je suis un Européen de par ma naissance et mon éducation, j’ai du sang français, allemand, anglais et russe blanc dans les veines et je me sens chez moi aussi bien en Europe continentale qu’à Battersea. ” En dressant cet autoportrait, Nat, le narrateur de Retour de service, ne pouvait exprimer mieux son sentiment à l’égard du Brexit, épisode historique qui vient profondément troubler ce en quoi croyait cet espion de retour au pays après plusieurs décennies passées en Russie ou dans les pays de l’ancien bloc soviétique. Malgré ses 88 ans au compteur, John Le Carré, ex-agent secret et auteur à succès depuis L’Espion qui venait du froid (1964), reste un observateur attentif et un transcripteur sensible de l’état du monde et du Royaume-Uni en particulier. Dans ce roman de la fausse retraite d’un espion, opérant pour un service spécial ” at home ” du MI-6, il loge en Nat les inquiétudes et questions qu’on est en droit de se poser sur l’état de la démocratie britannique et de l’influence russe en particulier. Le romancier livre aussi une confidence sur la transmission, Nat ayant du mal à communiquer avec sa fille à qui il avoue tardivement le plus grand secret de sa vie professionnelle. Il noue aussi de nouvelles affinités avec sa collègue, l’ambitieuse Florence, et son complice de badminton, l’étrange Ed, ce dernier lui renvoyant trop de questions qu’il ne souhaitait plus se poser. Qu’il est difficile pour un enfant d’un monde bipolaire de retrouver le ” vieux pays ” qu’il a servi pendant la moitié de sa vie ! Un roman attachant.

John Le Carré, ” Retour de service “, éditions du Seuil, 304 pages, 22 euros.

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