Rachel Kushner est sympa

Rachel Kushner, "Les routiers sont sympas", Stock, 380 pages, 23 euros. © pg

Après le succès du “Mars Club”, prix Médicis étranger 2018, l’Américaine Rachel Kushner refait parler d’elle avec une compilation d’essais virtuoses.

Rachel Kushner a l’air d’être une sacrée nana. Auréolée en France du prix Médicis étranger en 2018, la journaliste, critique et biographe américaine parvient ici, dans Les routiers sont sympas, à mélanger toutes les tonalités de l’écriture non fictionnelle avec brio. Cette compilation de textes écrits entre 2000 et 2020 pour différentes revues américaines commence par le récit d’une course illégale à moto à laquelle Rachel Kushner a participé dans sa vingtaine. On se réjouit autant que l’on s’effraie de la vitesse qu’affiche le compteur de son bolide rafistolé et des bouts de peau qu’elle laissera en chemin. Cette témérité adolescente, on a l’impression qu’elle ne la perd pas tout à fait en grandissant. Ses reportages à travers le monde et au coeur des Etats-Unis vont à la rencontre de gens extrêmement différents, comme autant d’expériences de vie réunies en un road trip journalistique rugueux. Territoires palestiniens occupés ou salles de concert enfumées à San Francisco, critique d’un milieu de l’art gonflé par l’argent ou traversée de la littérature durassienne: il y a peu d’endroits et de sujets auxquels Rachel Kushner semble ne pouvoir se confronter. Elle décrit l’Amérique d’en bas comme elle décrit les zones de guerre civile, pleine de lucidité et d’un touchant engagement pour le hors-piste. Qu’elle se lance dans ses confessions d’ex-barmaid ou dans un éloge de l’écrivain américain Denis Johnson, on ressent la même volonté d’établir une ligne de nuance claire. Ces textes donnent ainsi à voir un début de 21e siècle éclaté. Ils confirment aussi une écrivaine les yeux rivés sur le haut du compteur.

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