Plan de relance historique

M.Rutte, C.Michel et A.Merkel © belgaimage

Au bout de 91 heures de négociations, les 27 dirigeants européens ont accouché d’un plan de relance de 750 milliards d’euros qui instaure un endettement commun.

Pendant quatre jours et quatre nuits, Charles Michel, le président du Conseil, a remis son ouvrage sur le métier. Pendant quatre jours et quatre nuits, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont ferraillé avec les ” frugaux “, ces pays (Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark) qui ne voulaient pas sortir de leur orthodoxie budgétaire et qui, cette fois, ne pouvaient se cacher derrière l’Allemagne. Mais principalement avec Mark Rutte, l’intraitable Premier ministre néerlandais. Le cinquième jour, à 5h30 du matin, les 27 dirigeants européens sont finalement tombés d’accord sur un plan de relance et un budget à long terme. L’Europe est donc désormais dotée d’un budget de 1.074 milliards d’euros pour la période 2021-2027 et d’un plan de relance de 750 milliards.

Le combat des ” radins du nord ” contre le ” Club Med du sud ” a été acharné. Si le montant total du plan de relance est resté inchangé à 750 milliards d’euros, sa ventilation a été négociée pied à pied. En fin de compte, il comportera 390 milliards de subventions (au lieu de 500) et 360 milliards d’euros de prêts. Les subventions seront remboursées par le budget européen dès 2026 et les pays participeront non sur base des montants reçus mais de leur poids économique. Ce qui consacre donc une première mutualisation de la dette, un processus totalement inimaginable il y a peu. En échange de leur accord, les pays frugaux ont obtenu une augmentation de leur rabais (la ristourne octroyée aux pays qui jugent leur participation au budget disproportionnée par rapport à ce qu’ils reçoivent, une démarche initiée par Margaret Thatcher dans les années 1980) de 7,5 milliards.

Evidemment aussi, le rééquilibrage budgétaire global a fait des victimes. Le fonds de transition destiné à verdir l’économie passe de 30 à 10 milliards d’euros. Solvency (pour les entreprises en difficulté) et le Programme Santé sont supprimés. Enfin, Horizon Europe, le programme de recherche et d’innovation, est réduit de moitié.

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