Mission antigaspi pour Happy Hours Market
Depuis 2019, Happy Hours Market reprend les invendus des supermarchés bruxellois pour les revendre à moitié prix à ses clients via une appli, et distribue le surplus à des associations. Le “business model” a évolué afin de rendre vertueux ce triangle particulier.
Les chiffres sont tout chauds et émanent du Bureau européen de l’environnement (BEE). Chaque année, l’UE gaspille un cinquième de sa production de nourriture, soit près de 154 millions de tonnes. Pour les ménages, ce gaspillage correspond à 143 milliards d’euros jetés par les fenêtres. Des chiffres édifiants qui devraient déboucher sous peu sur des objectifs contraignants édictés par la Commission. En Belgique, selon le BEE, chaque citoyen gaspille 345 kg de nourriture, principalement des fruits et des légumes. Et c’est compter sans ce que les supermarchés jettent comme produits, principalement frais, faute de pouvoir (ou vouloir? ) continuer à les vendre.
C’est ici qu’intervient Happy Hours Market, une start-up bruxelloise née dans le giron de l’ULB en 2019. Sa raison d’être? Récupérer les invendus des supermarchés pour les revendre, le même jour, via une appli bien pensée, à ses clients. En trois ans, le business model a évolué pour répondre aux besoins des uns et des autres.
Plus de démarques
“Désormais, nous rétribuons les supermarchés pour récupérer les produits avant qu’ils ne proposent une démarque, explique Ludovic Libert, l’un des deux cofondateurs. Cela a plusieurs avantages. Cela reste un geste éthique et environnemental puisque cela diminue leurs déchets et leur gaspillage. Ensuite, cela leur permet d’éviter la cannibalisation des produits à prix plein puisqu’il n’y a plus de démarque. Pour certains d’ailleurs, de ce point de vue, mieux vaut jeter que démarquer. Nous reprenons tous les invendus et les remettons en vente sur notre appli à moitié prix.”
Ce changement de paradigme a dopé l’offre de Happy Hours Market puisque désormais, ce sont les supermarchés qui proposent une collaboration et plus l’inverse. Ce sont très majoritairement des franchisés.
“Ils sont plus réactifs que les intégrés qui doivent en référer à leur maison mère, poursuit Ludovic Libert. Il n’est pas impossible qu’un jour, nous ayons un accord-cadre pour une enseigne en entier mais cela nécessiterait une logistique beaucoup plus développée qu’aujourd’hui.” La start-up agit aussi en aval de la collecte puisqu’elle fournit du reporting aux supermarchés, histoire de leur permettre de mieux affiner leurs commandes et d’éviter le gaspillage.
600 tonnes en 2022
Pour donner une idée, Happy Hours Market a récupéré 600 tonnes de nourriture invendue en 2022. Et cela uniquement sur une partie de la Région bruxelloise, où elle dispose de sept points de retrait, et à Namur (deux points de retrait, mais où l’activité était en pause au moment d’écrire ces lignes, suite au vol d’un camion). Du côté des clients, l’appli permet d’économiser en moyenne 65 euros par mois.
“Vu la situation économique, notre offre de produits de qualité à prix réduit a un impact, conclut Ludovic Libert. Notre base de clients, 50.000 personnes, a doublé depuis la fin de l’an dernier, et le panier moyen a fait quasiment de même. Ce qui n’est pas vendu sur l’appli est ensuite distribué aux personnes dans le besoin via des associations et un partenariat avec le programme Safe de l’UE.”
La start-up va procéder sous peu à une augmentation de capital pour poursuivre la duplication de ce modèle dans d’autres villes.
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