Merdre

Le créateur de la pièce Ubu Roi, Alfred Jarry ” s’est déjà construit à 24 ans si ce n’est une oeuvre, tout au moins une solide réputation : original, scandaleux, tour à tour drôle et secret, le tout-Paris des lettres ne peut ignorer le masque blanc et la diction hachée de l’homme qui vélocipède et révolvérise “, peut-on lire à la page 113 de cette bande dessinée irrévérencieuse. Il s’agit de ce même Alfred Jarry qui scandalisa le même tout-Paris avec le mot d’ouverture de sa pièce : un tonitruant ” MERDRE “, avec deux R.

Ce roman graphique scénarisé par Rodolphe et dessiné par l’illustrateur et scénographe Daniel Casanave nous faire découvrir le destin fulgurant d’un homme qui s’est éteint un 1er novembre à l’âge de 34 ans. Alors oui, vous aussi, sans doute, ne connaissez Alfred Jarry que via le groupe américain Père Ubu ou la chanson éponyme de Dick Annegarn mais grâce à cet ouvrage, on y découvre une personnalité complexe, originale et atypique.

Né à Laval, cet admirateur de Rabelais, passionné d’escrime, de vélo et de dessin s’épanouit pleinement une fois arrivé à Paris où il devient proche de Guillaume Apollinaire, du Douanier Rousseau et côtoie André Gide, Oscar Wilde ou Stéphane Mallarmé. Le dessin, en noir et blanc, est vivant, dynamique tout en étant mélancolique. Les anecdotes sont inspirées, drôles et éthyliques. De quoi donner envie d’entonner un vibrant ” cornegidouille “, cri de guerre du créateur de la pataphysique.

Daniel Casanave et Rodolphe, ” Merdre – Jarry, le père d’Ubu “, éditions Casterman, 200 pages, 18,95 euros.

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