McCurry: l’Inde et au-delà

© PHILIPPE CORNET

Inlassable chasseur de couleurs, l’Américain Steve McCurry est l’objet d’une ample expo anversoise, remake de celle de la Bourse de Bruxelles il y a quatre ans. Un énorme succès.

Il n’est pas très grand. Physiquement s’entend. Même un rien trapu, avec une belle poigne. Il faut sans doute en avoir de ce genre pour réussir ce qu’il a accompli au fil de voyages sans fin pendant un demi-siècle. Lorsqu’on rencontre Steve McCurry (Philadelphie, 1950) à l’automne 2013 à Paris, il nous dit ceci: “Le risque calculé fait partie du métier. Pour moi, le talent est de l’ordre de 20%, la chance de 5% et le travail fera le reste: c’est l’essentiel. Parfois, oui, j’ai une vie de moine (…), et je me retrouve dans une situation où tout est minimal, la nourriture, le confort, le sommeil”. D’où un exceptionnel patrimoine photo dont le légendaire portrait de cette jeune Afghane aux yeux verts ( photo) et puis une sélection personnelle dans son océan d’images. On ne peut que s’arrêter encore et encore sur celles de l’Inde, invraisemblable chaos de couleurs mirifiques, avec ces portraits au Cachemire ; regards laser d’hommes à barbe teinte au henné, les yeux droit dans la caméra, une quasi-constante des images de McCurry. Et puis il y a aussi les inoubliables temples d’Angkor Vat et les traces d’un Cambodge déchiré par les guerres. En 1989, pour The New York Times Magazine, le photographe retourne sur les lieux des crimes des Khmers rouges avec Dith Pran, le reporter qui inspira le film The Killing Fields. Une histoire parmi d’autres que l’on retrouve dans Inédit, plantureux ouvrage publié en 2013 chez Phaidon qui raconte l’origine de ses photographies. Cette somme est d’autant plus intéressante que le travail de McCurry l’a mené dans des endroits où il est aujourd’hui impensable de pouvoir photographier avec une certaine liberté. Comme lorsqu’en 1979, l’Américain saisit en noir et blanc des moudjahidines, alors en guerre contre les soviétiques, dans les vallées reculées de l’Afghanistan. En 2017, le travail de McCurry attirait 100.000 spectateurs à la Bourse de Bruxelles. Un succès exceptionnel pour un photographe contemporain, qui devrait logiquement se reproduire à Anvers.

The World Of Steve McCurry à partir du 12 mai au Waagnatie à Anvers, www.stevemccurryexpo.com

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