“Les quotas de genre sont un mal nécessaire”

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Il est utile pour la vie des entreprises de sortir du “formatage” des comités de direction et d’y introduire plus de diversité, estime cette directrice d’un cabinet de conseil RH.

1. Une enquête de “L’Echo” indique qu’il y a à peine 14% de femmes au sein des comités de direction des sociétés belges cotées. Ce chiffre vous surprend-il?

Pas du tout. Mais je pense néanmoins que la tendance va en s’améliorant. Je vois une plus grande ouverture d’esprit sur la question de l’égalité des genres dans le monde patronal, en particulier parmi les nouvelles générations. Il y a un encouragement systématique, dans le discours mais aussi dans les actes, à amener plus de femmes dans les postes à responsabilités.

2. Faudrait-il, selon vous, passer par un système de quotas comme dans les conseils d’administration ou la politique pour accélérer le mouvement?

Je suis totalement en phase avec les positions de Christine Lagarde à ce propos. Les quotas ont ceci de problématique qu’ils font toujours douter: suis-je ici pour mes compétences, mon profil, ma valeur ajoutée ou simplement pour respecter des quotas? Mais sans quota, il est possible que l’on continue pendant de longues années encore à être plus rassuré par une personnalité masculine.

Les quotas sont donc un mal nécessaire pour accélérer l’accession des femmes à des postes élevés. Et se pose alors la question: vais-je y aller ou pas? Suis-je vraiment légitime pour cette fonction? Je ne dis pas que les hommes ne se posent jamais ces questions, mais cette propension à douter, à se remettre en question, me semble plus naturelle chez les femmes. C’est, je pense, largement imprégné de l’héritage d’une culture patriarcale depuis des siècles. Cette influence est peut-être inconsciente mais elle est toujours bien présente dans notre société, comme l’a très bien décrit Elisabeth Badinter.

3. Vous dirigez un bureau de conseil RH (A-Th & Associates). Qu’apporte la diversité des instances dirigeantes à la gestion d’une entreprise?

Les comités de direction sont peuplés d’hommes qui ont fait des études d’économie, de finance, d’ingénieur. C’est très bien, mais ils ont tous appris à développer des modes de pensée très similaires. Sortir de ce formatage et challenger les propositions par des sensibilités différentes, que ce soit par la formation, l’âge, le genre ou autre, c’est toujours bénéfique. C’est ce que je vais faire à l’Union wallonne des entreprises, où j’ai été récemment admise comme administratrice: je dirige une TPE, je suis une femme et je suis psychologue. C’est un profil atypique là-bas et je compte bien challenger leurs manières de réfléchir.

Pour en revenir à la question du genre, j’ai l’impression que les femmes ont moins soif d’accès au trône, qu’elles sont plus sensibles à avoir un impact concret sur l’organisation. Les femmes sont aussi moins immédiatement orientées vers les résultats. Même si, bien entendu, elles visent aussi ces résultats. Mais elles empruntent d’autres chemins pour les atteindre et cette diversité des chemins est précieuse pour une entreprise.

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