Les méduses n’ont pas d’oreilles

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Malentendante, Louise a l’impression de flotter dans la masse, sans visibilité. ” Pas assez sourde pour être rattachée à la culture sourde, pas assez entendante pour participer pleinement au monde des entendants.” Sourde de l’oreille gauche, appareillée d’un sonotone à l’oreille droite, elle a appris à lire sur les lèvres pour lutter “contre les trous d’obus du langage”. Mais les mots ne cessent de s’amenuiser, de se perdre dans la brume. Isolement au travail, incompréhensions, dépression, la jeune femme est confrontée à l’urgence de se faire poser un implant avant de sombrer dans une surdité profonde… Au risque de devenir une autre, de ne plus reconnaître sa propre voix. Soupesant d’une écriture poétique la chaleur des sons, Adèle Rosenfeld saisit le relief du langage qui s’estompe, la rondeur du silence, le médium grave des mots invisibles. Partagé entre désarroi profond et souffle amoureux et amical, un premier roman au tact subtilement timbré.

Adèle Rosenfeld, “Les méduses n’ont pas d’oreilles”, Editions Grasset, 240 pages, 19 euros.

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