Les bons cols du tour de France

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Un col, selon le dictionnaire, est une ” bouteille de boisson “. Depuis le début d’année, nous avons parcouru la France viticole de long en large pour découvrir les nouveaux millésimes mis en vente cette année. Nos pérégrinations ont conduit à une sélection, forcément subjective, de bouteilles surprenantes. De vraies pépites aux cépages parfois étonnants qui, toutes, sont disponibles à la vente en Belgique. Il y en a de toutes les couleurs et de nombreuses appellations différentes. Sans oublier les bulles. A vos tire-bouchons !

Une gifle aux anti-vins nature

Premier contact avec L’Autochtone à Prowein, le plus grand salon européen des vins qui se tient chaque année à Düsseldorf. D’emblée, la précision et la netteté de cet IGP Saint Guilhem le Désert s’imposent. Les dégustations suivantes le confirment : c’est bon, très juteux et avec des fruits mûrs qui explosent littéralement en bouche. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Non seulement Matthieu Carlez, le directeur technique des Vignobles JeanJean, propose là un 100 % cinsault, mais en outre, son Autochtone est un vin nature ! Oh la belle gifle que voilà à ceux qui pensent que les vins nature ne peuvent être ni droits, ni nets. Nature signifie ici qu’il s’agit d’un vin bio, vendangé à la main et qu’aucun intrant n’est ajouté en cours de vinification. Les levures sont donc indigènes, et il n’y a aucun sulfite ajouté ni filtration. Ce dernier né du Domaine du Causse d’Arboras, situé au pied du Mont Saint-Baudille (aussi appelé la ” Sentinelle du Larzac “), est du plaisir à l’état pur et à prix doux. L’Autochtone se déguste au verre (ou à la bouteille) à la Trinquette, (3 rue de l’Aqueduc, 1060 Bruxelles – 02 537 94 59). Henri de Vergeron le propose aussi à la vente à 12,50 euros, la bouteille.

Surtout ne pas s’abstenir !

Mathieu Cosse est un vigneron hors norme. D’abord par sa carrure qui trahit une ancienne carrière de rugbyman de haut niveau à Agen. Ensuite, par la qualité des vins qu’il propose. Il a entièrement restructuré et fait largement monter en gamme le Château La Coste en Provence. Domaine qu’il vient de quitter pour rejoindre sa compagne au Château Fontainebleau du Var. Mais c’est le domaine qu’il gère à Cahors avec Catherine Maisonneuve qui nous intéresse aujourd’hui. Nos deux compères y travaillent des AOP Cahors très fins et veloutés. Mais c’est sur la parcelle située sur les coteaux du Quercy qu’est produit l’ovni (objet vineux non identifié) qui a surpris notre palais. L’Abstèmes s’abstenir est un 100 % gamay ! Un cépage typiquement beaujolais qui prend ici une expression absolument étonnante. ” Catherine et moi voulions montrer l’expression pure de ce grand cépage sur un beau terroir calcaire du Sud-Ouest de la France. La biodynamie et des rendements faibles permettent de produire un vin d’une grande pureté et avec une jolie complexité d’expression. Nous voulions de la classe, du caractère et une vraie identité tout en gardant une digestibilité importante. ” L’Abstèmes s’abstenir est remarquable par sa matière et sa profondeur de fruits. En en même temps, il se rapproche du glouglou de potes par sa forte buvabilité. Bref, ce n’est vraiment pas un vin pour les abstèmes qui ont fait le choix de ne consommer aucune boisson alcoolisée ! L’Abstèmes s’abstenir 2015 est disponible chez Titulus (167 A, chaussée de Wavre à 1050 Bruxelles – 02 512 98 30) au prix de 13,30 euros.

Minuit sonne à La Cendrillon

Depuis qu’il a repris le domaine familial de la Cendrillon en 1987, Robert Joyeux n’a eu de cesse de le faire monter en gamme. Certifié en bio depuis 2013, le domaine s’étale en Corbières aux limites des appellations Fontfroide et Boutenac. La Cendrillon produit des rouges d’une profondeur et d’une finesse remarquables. Les cuvées Inédite, Classique ou N°1 décrochent, chaque année, de belles cotations dans les guides et de nombreuses distinctions. Mais Robert Joyeux avait envie de sortir un vrai grand rosé de Corbières. Ce fut chose faite en 2015 avec la première version de Minuit. Le deuxième millésime, proposé aujourd’hui à la vente, est encore plus réussi. Assemblage de grenache, cinsault et mourvèdre, c’est un vrai grand rosé de gastronomie qu’on proposera sans hésiter sur du poisson voire des risottos. D’une belle couleur rose pastel, Minuit allie fraîcheur et persistance avec des arômes de fruits rouges et d’agrumes. Pari réussi pour Robert Joyeux et preuve supplémentaire que le rosé mérite sa place sur la table pendant toute l’année. Les vins de la Cendrillon sont disponibles depuis des années chez Biobelvin (36 rue Delhasse à Spa – 087 22 00 23) qui dispose d’un site de vente avec livraison (www.biobelvin.com ) dans toute la Belgique. Minuit coûte 11,20 euros (23,21 le magnum).

Des petits moulins qui ont tout de grands

On ne quitte pas les Corbières, jadis si décriés pour la qualité de leurs vins et qui, aujourd’hui, ne cessent d’ébaudir nos papilles. Direction la Montagne d’Alaric dans la partie nord-ouest de l’appellation. Ici, la nature ne fait pas de cadeau. C’est sauvage, très venteux et très chaud l’été. C’est là que Philippe Estrade poursuit le travail familial entamé en 1902. Au Château Lalis, la vigne souffre de conditions difficiles. Et c’est ce combat qui engendre des vins profonds, à la matière dense mais d’une étonnante fraîcheur. Fer de lance du domaine, la cuvée Les Petits Moulins tire son nom d’un lieu-dit de 2,5 hectares planté de syrah, de grenache gris et noir, de mourvèdre et de carignan. Ces cépages sont vendangés chaque année dans le même ordre l’un après l’autre. Le 2015 est splendide. Un vin racé, intense, sans boisé, aux tanins d’une finesse incroyable. Les fruits explosent littéralement en bouche. C’est un grand vin avec une bouche ample et généreuse aux accents poivrés. Les Petits Moulins sont disponibles dans les cinq espaces vins des Vins Pirard (067 77 31 01) qui livrent aussi gratuitement dans toute la Belgique via leur site d’e-commerce (www.vinspirard.be ). Accrochez-vous, le 2015 ne coûte que 10,50 euros. A ce prix-là, c’est donné.

Une belle Villa à Pézenas

Une autre belle rencontre du salon Prowein. Carine Pichot est à la tête du Domaine de Fabrègues depuis 2005. Situé entre Pézenas et Clermont-l’Hérault dans le Languedoc, il est riche d’une quarantaine d’hectares plantés de 10 cépages différents sur la commune d’Aspiran. Carine Pichot a hérité d’une vigne en parfait état et d’un bel âge (certains carignans ont plus de 75 ans) et dont le produit était autrefois entièrement destiné au vrac et à la coopérative. Depuis sa reprise en main, la vigneronne sort de belles cuvées où la qualité prime sur la quantité. La grande diversité des cépages lui permet de laisser libre cours à son imagination. Elle vient d’ailleurs de se faire plaisir en sortant un rosé perlant surprenant et dont on reparlera. Aspiran tire son nom d’une ancienne villa gallo-romaine. Et c’est tout naturellement qu’une des cuvées du domaine s’intitule La Villa, Pézenas en AOP Languedoc. Et nous voilà face à un vin d’un rapport qualité/prix invraisemblable. Tant le millésime 2013 que 2014 présentent une belle bouche épicée aux arômes de garrigue et de fruits rouges bien mûrs. La Villa est un vin ample et généreux qui fera merveille avec les grillades. La Villa 2013 est disponible dans les magasins Cora et sur corawine.be au prix de 9,78 euros (le vin sera en promotion à 8,26 euros lors de la foire d’été qui commence le 13 juin). La Villa 2014 fera son apparition à partir du mois d’octobre dans les mêmes magasins.

Des vignerons pas fadas pour un sou

A Vinisud, le grand salon des vins du sud qui se tient chaque année à Montpellier, impossible de rater la solaire et passionnée Désirée Fadat. L’ancienne infirmière a délaissé sa blouse blanche pour rejoindre son mari Sylvain dans leur domaine d’Aupilhac situé à Montpeyroux à une trentaine de kilomètres de Montpellier. Sylvain est le chantre du carignan. Il a redonné ses lettres de noblesse à ce cépage autrefois dominant dans le Languedoc mais que les puristes associaient au gros rouge du midi qui tache. Sylvain le taille court, le laisse mûrir lentement avant de le vinifier de façon traditionnelle. Le Domaine d’Aupilhac, certifié en bio et biodynamie, est le symbole de ce nouveau Languedoc capable de fournir des vins d’une classe et d’une générosité folles. Nous avons un faible pour Le Carignan et La Boda. Le premier est un 100 % carignan issu de vignes de plus de 60 ans. Un vin qu’on laissera vieillir sans souci pour en développer toute la complexité. Le Carignan est un vin puissant d’une fraîcheur étonnante qui exhale des parfums de réglisse et de fruits rouges bien mûrs. La Boda est un assemblage des meilleurs raisins des parcelles d’Aupilhac et des Cocalières. Un vin parfaitement équilibré, généreux, avec une matière dense qui n’empêche pas la nervosité. Bref, un très grand vin ! Les cuvées du Domaine d’Aupilhac sont disponibles auprès de Stéphanie Vial chez Couleur Vin (109, avenue du Marouset à Braine-le-Comte – 067 33 95 71 – livraison gratuite dans toute la Belgique à partir de 24 bouteilles). Pour vous donner une idée, Le Carignan sort aux alentours des 22 euros, La Boda des 27 euros.

La politique mène à tout à condition d’en sortir…

Jean-Christophe Comor est un véritable personnage. Ancien prof de Sciences-Po à Aix, il a eu une longue carrière politique auprès des souverainistes français de droite comme de gauche. Et puis au début des années 2000, il a tout lâché et est parti s’installer dans le Var à Roquebrussanne dans le massif de Sainte-Baume. Il a patiemment construit un domaine viticole qu’il appellera Les Terres Promises. Autodidacte, il a désiré suivre les traces d’aînés comme Marcel Richaud (Cairanne), Marcel Lapierre (Morgon) et Antoine Arena (Corse). Aujourd’hui, il produit des vins bios et nature racés sur deux appellations : Côteaux Varois et Bandol. Comor a une façon toute particulière d’exprimer son terroir et il y a dans chaque cuvée, un supplément d’âme qui en fait un grand vin. C’est bien simple : tout est bon chez Comor. On avoue une faiblesse toute particulière pour l’Analepse. Le millésime 2015 est un 100 % carignan blanc. C’est un immense vin blanc. L’Analepse est disponible chez Titulus au prix de 25,40 euros.

Sûrement pas un clap de fin

Il existe entre Narbonne et la mer Méditerranée un terroir de toute beauté appelé La Clape. Il tire son nom du massif calcaire du même nom. Un territoire de 15.000 hectares riche d’une remarquable diversité animale et végétale. Oliviers, amandiers, pins parasol se mélangent allégrement avec la vigne. Coincée entre la mer, les étangs et la plaine de l’Aude, La Clape engendre des vins remarquables. Les plus connus s’appellent Pech-Redon ou l’Hospitalet. Mais une autre pépite, découverte à l’occasion du Salon Tastin France de BusinessFrance, a élu domicile dans ce site classé et protégé. Le Château de Marmorières appartient à la famille de Woillemont depuis 1826. C’est aujourd’hui la huitième génération qui est aux commandes du domaine de 350 hectares (dont 120 de vignes). La chaleur combinée à l’air maritime produisent des vins denses mais d’une belle fraîcheur. Tel est le cas des Olivettes, un rouge au nez bien épicé, aux tanins soyeux et à la bouche ample qui fleure bon la garrigue. Cette vraie belle surprise de l’année est disponible à la Trinquette au prix de 11,50 euros. Vous y trouverez aussi les Olivettes en blanc et Bois fleuri, un rouge plus structuré et plus boisé.

Des bulles mais des bordelaises !

Le marché des vins effervescents est en plein boom chez nous. Porté par le succès au nord du pays des cavas et des proseccos. Mais pour qui ne souhaite pas mettre le prix pour un champagne, les crémants, vinifiés aussi selon la méthode traditionnelle, sont une meilleure alternative. Les plus connus viennent d’Alsace ou de Loire, mais Bordeaux produit aussi d’excellents crémants. Chaque année, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) demande à des spécialistes belges de sélectionner les vins les plus séduisants avec, en point de mire, un excellent rapport qualité-prix-plaisir. En 2017, le Crémant de Bonhoste fait, très justement, partie de cette liste à découvrir sur le site www.bordeaux.com/be-fr. Nous avons eu la chance de déguster ces belles bulles en compagnie de la famille Fournier au grand complet lors de notre passage dans ce domaine situé à 15 minutes de Saint-Emilion. Le Crémant de Bonhoste, assemblage de sémillon et d’ugni blanc, présente de fines bulles et un délicieux goût fruité. C’est fin, bien structuré et avec une solide dose de caractère. Ce beau crémant est disponible auprès ‘t Kasteelke (27 Pareinpark à Beveren-Waas – 03 755 30 75) au prix de 15 euros. Le magasin livre dans toute la Belgique à partir de 50 euros.

Limoux, une région à redécouvrir

Pas question de blanquette aujourd’hui. Cet effervescent qui, à l’instar des costières de Nîmes, a fort souffert des piquettes qui peuplaient autrefois nos commerces. Limoux vit actuellement une véritable renaissance autour du crémant mais aussi grâce à des vins blancs et rouges d’une qualité gustative impressionnante. Gilles Azam et Geneviève de Groot participent pleinement à ce renouveau. Leur domaine des Hautes Terres, situé dans le cirque de Roquetaillade dans la haute vallée de l’Aude, produit des vins d’une remarquable vivacité. Le malbec y est roi. ” C’est un cépage hors norme, rustique, fermé, rugueux, explique Gilles Azam. Si on le travaille trop, il est trop tannique. Si on ne le touche pas, il peut donner des vins denses, souples et vifs “. C’est définitivement le cas de Maxime, un AOP Limoux rouge. Le 2015, assemblage de malbec et de merlot, est un vin concentré, puissant et chaleureux avec des notes de fruits rouges et d’épices. Voilà un malbec d’une élégance et d’une nervosité rares. Gilles et Geneviève produisent aussi un crémant de Limoux appelé Joséphine qui vaut tout autant le détour. Maxime et Joséphine sont disponibles chez Titulus au prix 16,90 et 21,20 euros.

Xavier Beghin

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