Les Argonautes

Née en 1973, Maggie Nelson est devenue en quelques années une poétesse essentielle du paysage littéraire américain. Profondément engagée, elle n’a eu de cesse de combattre la société patriarcale et discriminatoire. Dans ce nouvel ouvrage hybride, l’écrivaine adresse avant tout une déclaration d’amour à Harry son compagnon transgenre. Elle lui/nous confie ses interrogations sur le couple, la maternité et la société hétéronormée. Son émotion se veut cependant érudite, la critique d’art convoque la crème des auteurs féministes (Judith Butler et Eve Kosofsky Sedgwick notamment). Son titre s’inspire du philosophe Roland Barthes qui aimait comparer la relation amoureuse, toujours à flots malgré les écueils, au mythique Argo, vaisseau de Jason, ne changeant jamais de nom malgré ses apparences multiples. Les nombreuses références que contient Les Argonautes en marge de ses courts paragraphes, sont autant d’invitations à nous intéresser davantage à la littérature et à la pensée homosexuelles. Même si cette ode au langage et à la versatilité des corps peut sembler par moments ardue, l’émotion – brute et pure – nous rattrape au détour de ses passages profondément amoureux. La mise à nu des sentiments saute alors de l’inquiétude à une sérénité atteinte au terme d’un cheminement que l’on devine long.

Maggie Nelson, ” Les Argonautes “, éditions du Sous-sol, 240 pages, 19,50 euros.

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