Les Amnésiques

© PG

” Les parents de mon père n’avaient été ni du côté des victimes, ni du côté des bourreaux. (…) Ils étaient simplement des Mitläufer, des personnes ‘qui marchent avec le courant’. ” Géraldine Schwarz introduit par ces mots son enquête sur la mémoire de sa famille. Frustrée par le silence de son père, la journaliste franco-allemande a écumé les albums photos et les archives pour découvrir de quelle manière ses grands-parents avaient vécu la Seconde Guerre mondiale. Une interrogation qui en soulève immédiatement une autre, plus collective : comment tout un peuple s’est-il accommodé du régime nazi ? Il y a bien sûr l’ignorance des crimes du IIIe Reich, il y a aussi cet instinct à rester aveugle devant l’horreur. Face à l’oppression, la résistance est affaire d’exception, nous rappelle assez cruellement ce livre. Dans son analyse objective, faite d’allers-retours entre la grande et la petite histoire, Géraldine Schwarz pointe le silence des années d’après-guerre sur ces Mitläufer, comme si le ” plus jamais ça ” avait suffi pour pardonner. N’a-t-il pas aussi fallu attendre la fin des années 1990 pour une reconnaissance officielle de la rafle du Vél’ d’hiv ? Aux amnésiques d’hier en succèdent d’ailleurs d’autres aujourd’hui avec l’avènement des populismes, nous avertit l’auteure. Prix du meilleur livre européen en 2018, son travail libérateur et remarquable respecte en tout point sa promesse de départ : ” Vaincre les violeurs de mémoires et les faussaires de l’Histoire “.

Géraldine Schwarz, ” Les Amnésiques “, éditions Flammarion/Champs, 480 pages, 9 euros.

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