Anne-Charlotte Vaillant (Alhambra International): “Le travail en équipe est bien mieux valorisé en Belgique”
“Les Français ont parfois tendance à penser que la Belgique, c’est un peu comme la France. Or, il y a de vraies différences culturelles, même avec les francophones”, témoigne Anne-Charlotte Vaillant.
Quand elle a souhaité donner une dimension internationale à Alhambra, son cabinet de chasseur de tête, Anne-Charlotte Vaillant a directement pensé à la Belgique. “Votre pays, c’est un hub international, c’est la localisation idéale pour opérer en Europe”, dit-elle. Elle a toutefois choisi Anvers plutôt que Bruxelles, à la fois pour se distinguer des autres et parce que “le deuxième port d’Europe, c’est parfait pour rayonner vers les pays du nord”.
“Les Français ont parfois tendance à penser que la Belgique, c’est un peu comme la France, poursuit Anne-Charlotte Vaillant. Or, il y a de vraies différences culturelles, même avec les francophones. La Belgique n’est pas un département français, loin de là.” La CEO met notamment en avant les différences de gestion entre une France plus verticale et une Belgique plus collaborative. “Pour amener un nouveau sujet ou une nouvelle initiative dans une société française, vous devez en référer à votre manager, qui en référera à son manager et ainsi de suite jusqu’à la direction, constate-t-elle. Le temps que ça monte et que cela redescende, vous pouvez voir les semaines ou les mois passer. En Belgique, c’est beaucoup plus direct, vous pouvez parler à la direction sans passer par tous ces niveaux hiérarchiques.”
Déroutant mais parfois avantageux
La fondatrice d’Alhambra explique cela à la fois par une question de taille (les entreprises sont en moyenne plus petites) et une certaine histoire de la recherche du compromis sur de nombreux sujets, à commencer par la politique. “Les Belges sont beaucoup plus ouverts au travail en équipe et cela dope la créativité, souligne Anne-Charlotte Vaillant. Je ne veux pas dire que les Français travaillent en solitaire et ne sont pas créatifs, mais clairement, le dialogue commun, le brainstorming est bien mieux valorisé en Belgique. Vouloir imposer un système de communication très vertical, cela ne fonctionne pas bien ici. Les managers français qui arrivent en Belgique doivent bien intégrer cela.”
Anne-Charlotte Vaillant suggère que cette “culture du consensus” explique peut-être les différences entre les paysages politiques des Régions et la faiblesse de l’extrême droite en Belgique francophone. “Cette organisation en trois Régions pousse à rechercher des consensus, conclut-elle. Même sur l’immigration, qui est le terreau de l’extrême droite, les trois parties du pays doivent dialoguer ensemble pour prendre des dispositions. Ce découpage administratif peut parfois être déroutant pour un Français mais il a aussi ses avantages.”
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