Le retour d’Harry Quebert

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Dans “L’affaire Alaska Sanders”, Joël Dicker va plus loin dans la mise en abîme, drapant son thriller d’une délicieuse dimension existentielle.

En 2012, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert nous révélait un jeune auteur suisse, Joël Dicker. Succès phénoménal. Une décennie et quelques romans plus tard, l’écrivain est devenu son propre éditeur et retrouve de vieilles connaissances dans un récit à deux vitesses. 2010: Marcus Goldman a connu le succès grâce à son roman sur… l’affaire Harry Quebert, son ami et mentor qui a disparu de la circulation depuis deux ans et qu’il recherche en vain. Au cours d’un de ses pèlerinages, il retombe sur Perry Gahalowood, le flic avec qui il a mené ladite enquête et qui en réveille une autre, suite à une lettre anonyme. 1999: la jeune Alaska Sanders est assassinée près de la petite ville de Mount Pleasant. Bien qu’un homme croupisse en prison depuis 11 ans, il semblerait que le vrai meurtrier soit toujours en liberté. Commence alors pour le flic et l’écrivain une autre investigation, d’autant plus compliquée que les années ont tendance à effacer les indices. L’Affaire Alaska Sanders est à lire à deux niveaux. Il y a d’abord l’enquête proprement dite, relatée au fil de chapitres dans lesquels l’auteur résout une question avant d’en poser une autre. Ce qui induit une lecture où les pages ne se tournent jamais assez vite. L’autre dimension est beaucoup plus troublante: c’est le lien qui unit Marcus Goldman et Joël Dicker lui-même, le personnage et son auteur. Comme dans La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, ce nouveau thriller est l’occasion pour l’écrivain d’interroger la littérature, le statut de l’écrivain, le rôle de l’écriture mais aussi la gloire qui accompagne le succès d’un livre, dont s’était éloigné avec bonheur le mystérieux Harry Quebert… La mise en abîme est constante et d’autant plus déconcertante qu’elle accompagne en permanence la lecture de ce suspense, dès lors drapé d’une délicieuse dimension existentielle.

Joël Dicker, “L’affaire Alaska Sanders”, Rosie & Wolfe, 576 pages, 23 euros.

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