Le guetteur

Dans l’appartement de sa mère Françoise qui vient de décéder, l’écrivain-journaliste Christophe Boltanski trouve l’ébauche d’un roman policier que celle-ci avait tenu secret. Que cache-t-elle sous le titre Le guetteur ? Qu’ont nourri les longues années de réclusion de celle qui ne sortait plus sinon pour se fournir en plats préparés et promener son vieux chien Chips ? Le narrateur et l’écrivain ici se confondent, tout comme s’entremêlent l’enquête sur la jeunesse d’une femme engagée et l’intrigue qu’elle a elle-même écrite. Le guetteur devient le guetté. Dans la fiction, un semblant de réalité se dévoile. Tel un détective privé des romans de Raymond Chandler, reconstitue les années de militance de l’étudiante de la Sorbonne qui aidera le FLN en pleine guerre d’Algérie, de la distribution de tracts à la planque de ” camarades “. Il part à la rencontre d’anciennes connaissances, se débattant avec le fouillis de notes laissées par Françoise. Il la croyait coupée du monde, elle a pourtant plongé les mains dans un de ces épisodes violents. Son militantisme compulsif dans les années qui suivirent – auprès de syndicats, d’ONG et d’associations éclectiques – n’en était que l’héritage. Dans l’isolement de sa fin de vie, ses combats intérieurs ne l’ont jamais quittée. Tirant avec subtilité sur les fils du suspense, l’auteur de La cache ne s’écarte jamais d’une évocation intime sensible et parfois vertigineuse. L’équation de la vérité qu’il tente de résoudre conserve jusqu’au bout un mystère séduisant. L’un des grands romans de cette rentrée littéraire.

Christophe Boltanski, ” Le guetteur “, éditions Stock, 288 pages, 19 euros.

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