L’Institut
Avec Stephen King, on est toujours assuré d’une certaine dilatation du temps. L’auteur à succès, spécialiste de l’horreur, prend le nombre de chapitres qu’il faut pour diluer dans l’imaginaire de son lecteur un sentiment d’effroi. C’est encore le cas avec cet Institut dans lequel Luke Ellis est un jeune surdoué s’apprêtant à entrer au MIT alors qu’il n’est qu’au collège. Accueilli dans ” L’Avant ” par d’autres kids tout comme lui dotés de pouvoirs télékinétiques et/ou télépathiques, l’adolescent va devoir se plier aux règles de ce pensionnat aux faux airs de paradis. Médecins et gardes-chiourmes font subir à leurs ” protégés ” tests et expériences douloureuses physiquement et psychiquement. Une étape avant d’être convoqué à ” servir le pays ” à ” l’Arrière “. Double talent de King : ne pas sombrer dans le gore, solution de facilité quand on n’a rien d’autre à côté, mais tout en n’épargnant pas ses protagonistes ; et distiller dans ce thriller sur l’intimité adolescente un message politique en phase avec la colère que l’auteur de best-sellers éprouve à l’égard du pouvoir trumpien. Il pointe en particulier – du propre aveu de l’auteur – le sort subi par les enfants de l’immigration à la frontière, pris à leurs parents par les autorités. Un bon cru.
Stephen King, ” L’Institut “, éditions Albin Michel, 608 pages, 24,50 euros.
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